homélie du 7e dimanche de Pâques C, 2 juin 2019
{joomplu:24}Il y a plusieurs styles de vie que nous pouvons adopter pour trouver notre place dans le monde de nos semblables. Certains sont basés sur l’image que l’on parvient à donner de soi et sur la séduction. On cherche alors à s’acquérir une personne. D’autres reposent sur la force que l’on parvient à affirmer à l’encontre des autres, en étant le meilleur, le plus riche, le plus puissant, le plus influant. Ou bien on met un point d’honneur à ne dépendre de rien ni de personne et à parvenir à se suffire à soi-même, parce que s’ouvrir à la dépendance est trop risqué, trop coûteux.
Voilà les 3 façons classiques qu’a l’âme blessée de se situer face aux autres, et aussi face à Dieu. Mais ce n’est pas pour vivre si tristement que nous avons été créés. Quel style de vie le Seigneur veut-il pour nous ? Celui d’une intimité restaurée. « qu’ils soient un en nous… qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi… aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17,20-26).
Comment vivre cela ? Utilisons d’abord notre esprit pour imaginer si possible ce que c’est que d’avoir en soi le Créateur de tout, de l’avoir en soi parce qu’il nous aime et se donne à nous. Rêvons d’un amour où nous sommes accueillis, saisis et recherchés pour nous-mêmes ; et puis disons-nous que cet amour n’est pas qu’un rêve, mais vraiment l’amour du Père posé sur nous.
Il faudra ensuite adopter un style de vie où on se dispose à capter l’amour du Père, à la manière dont une plante étale ses feuilles à la lumière du soleil. Choisir une vie qui marche à l’énergie divine ! C’est la foi et la prière qui permettent cela. La foi permet de savoir que Dieu est un Père qui nous aime et qui nous appelle. La prière nous fait répondre à cet appel et accueillir son amour. C’est comme ça qu’Étienne voit Jésus dans la gloire du Père, et son cœur en est réconforté en cette heure d’accusation. À ce moment-là, Paul ne voit rien du tout, il considère tout cela comme des bêtises dangereuses. Cela dépend des dispositions entretenues dans le cœur. Seigneur, donne-nous un cœur ouvert, qui vit de foi, qui accueille l’amour d’en-haut et en vit !
Cela pourrait paraître trop mystique et risquant de nous éloigner des autres en nous évadant de la réalité. Il n’en est rien, et c’est tout le contraire qui a lieu. Depuis deux siècles on prône la tolérance pour nous rapprocher des autres, mais cela n’a pas rapproché les gens. Au contraire, cela a surtout engendré l’atomisation de la société, et généralisé l’individu isolé et inquiet. La tolérance, c’est bien mais il faut se rendre compte que c’est le degré zéro de l’amour. Le degré 0, c’est avant que tout gèle. À l’inverse, se rapprocher en vérité de Dieu — je ne dis pas utiliser Dieu pour ses projets à soi, mais entrer dans la façon de sentir de Dieu — nous rapproche des autres. C’est comme si nous étions les rayons d’une roue de vélo : les rayons ne se rapprochent que quand ils se rapprochent du centre. Si nous voulons retrouver la fraternité humaine, il faut retrouver notre Père à tous, qui des cieux nous appelle à écouter la Parole de son Fils. Je ne pense pas qu’il y ait un autre chemin, étant donné les êtres blessés que nous sommes, qui sont tentés d’adopter tous les autres styles de vie que celui qui est basé sur l’amour où on se donne soi-même. Esprit Saint, fais-nous connaître l’amour du Père, fais-nous l’accueillir dans la foi et vient nourrir notre prière, afin que nous soyons uns comme le Père et le Fils sont uns.