homélie du 2e dimanche ordinaire, 19 janvier 2020
{joomplu:10}Nous disons facilement que nous sommes enfants de Dieu, mais avons-nous déjà bien réfléchi à ce que nous disons ? En effet, c’est plutôt étonnant d’être les enfants de Dieu.
1) Lorsqu’on est enfant de ses parents, on est un représentant de l’espèce humaine qui descend d’autres représentants de l’espèce humaine. Et même lorsque des parents adoptent un enfant comme leur enfant, il s’agit toujours bien d’un autre être humain comme eux. On entend parfois dire qu’une famille a adopté un petit chien, mais il reste un petit chien et ça serait déplacé de le traiter comme l’enfant de la famille — il paraît même que quelques personnes fortunées lèguent leurs biens à leur animal de compagnie, mais cela frise la folie. Quoi qu’il en soit, comment pouvons-nous être enfants de Dieu alors que nous ne sommes pas de son espèce — serions-nous comme le petit chien adopté par la famille ?
2) Pour une autre raison encore c’est surprenant d’être enfant de Dieu : parce que nous l’aimons tellement moins qu’il nous aime, et parfois même nous ne l’écoutons pas, nous faisons le contraire de ce qu’il nous demande. Comment Dieu aurait-il envie de faire de nous ses enfants ?
C’était pourtant le projet de Dieu, et pour le mener à bien avec réalisme il envoie son Fils unique revêtir la nature humaine. Jésus, qui paraît au bord du Jourdain, est « le Fils de Dieu » (Jn 1,34), le seul qui porte ce titre à proprement parler. Quant à nous, c’est par lui que nous devenons fille et fils adoptifs. Une fois que se trouve comblé l’abîme entre Dieu et l’humanité — un abîme de nature, sans même parler de celui du péché — par la venue du Fils de Dieu dans la chair, il est donné la possibilité aux hommes de devenir enfants de Dieu : « à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. » (Jn 1,12)
Nous devenons enfants de Dieu parce que Jésus est celui qui « baptise dans l’Esprit Saint » (Jn 1,33). Un authentique enfant de Dieu a reçu l’Esprit Saint au baptême et à la confirmation, et il s’attache à vivre constamment dans l’Esprit Saint. Le lien qui le relie à Dieu devient vibrant et lumineux, il apporte la joie et la force qui viennent de la paternité de Dieu.
Il reste à se demander : comment vivre constamment dans l’Esprit Saint ? Nous avons encore un indice dans les paroles de Jean le Baptiste. Celui qui baptise dans l’Esprit Saint est en même temps « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). Vivre dans l’Esprit Saint c’est se laisser réconcilier avec Dieu, notamment par le sacrement de réconciliation, et ensuite s’attacher à faire ce que Dieu aime et à refuser ce qu’il n’aime pas. C’est difficile, mais la joie de l’Esprit qui nous est donnée vaut bien cet engagement courageux de notre part. En fait, on n’imagine pas ce que c’est que vivre en enfant de Dieu, vivre dans l’amitié avec le Tout-Puissant. Si on pouvait le voir, on fondrait de joie. Toutes nos journées seraient illuminées.