homélie de la fête du baptême du Seigneur, 10 janvier 2021
{joomplu:191} Qui suis-je pour Dieu? Qui suis-je pour l’auteur du monde, pour l’être le plus merveilleux qui soit? Je suis un cœur tant aimé. Tant aimé que Dieu me cherche sans trêve pour me donner accès à sa grâce, à la profusion de son cœur. Et cela est valable pour chaque être humain, même celui qui ne l’a pas cherché jusqu’à maintenant. Dieu cherche des cœurs qui se tournent enfin vers lui.
Ce qui me fait dire cela, c’est la prophétie d’Isaïe, qui s’adresse entre autre au méchant et à l’homme perfide. «Mes pensées ne sont pas vos pensées» dit Dieu. Vous vous fatiguez pour ce qui vous laisse constamment sur votre faim. Du coup vous avez besoin de tant de choses qui vous excitent, qui vous font rêver, alors que je vous dis : «Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses! Prêtez l’oreille! Venez à moi! Écoutez, et vous vivrez.» (Is 55,2)
Dieu a tant à nous donner, et pour que nous puissions accueillir tout cela il nous propose sa Parole transformatrice, sa Parole qui ne lui revient pas sans résultat. J’ai reçu une demande pour financer des Bibles pour les prisonniers. C’est beau de vouloir apporter la lumière de Dieu dans ces lieux où Dieu attend tant de cœurs. Et il faudrait penser aussi à tous les prisonniers de la vie, tous les prisonniers de leurs désirs ou de leur ennui. Qu’ils seraient heureux d’accueillir la Parole qui les sauve, le jour où enfin leur cœur se rendra disponible, peut-être dans un moment de grande détresse…
À cause de ce désir de Dieu de nous donner tant, le Christ descend au Jourdain, pour recevoir le baptême de conversion, lui qui n’a pas besoin de conversion. Il le fait pour que nous comprenions à quel point il nous cherche, jusqu’à descendre dans nos eaux troubles, même dans ce que nous ne nous avouons pas à nous-mêmes. Il vient recevoir le baptême parce qu’il cherche les pécheurs. Et il cherche les pécheurs parce qu’il veut les attirer à la vie. C’est une telle lumière en nous de nous savoir aimés et choisis par Dieu, élus de son amour. Voilà ce que le Christ voudrait offrir à chacun.
Cela, il ne le fait pas seulement par la persuasion et la tendresse, mais aussi en donnant sa vie. C’est pourquoi saint Jean, dans sa première lettre, dit que Jésus est venu par l’eau et par le sang. (1 Jn 5,6) Il en coûte à Dieu de s’unir des cœurs qui l’ont négligé ou refusé. Des cœurs qui ont préféré leurs aises à l’amour généreux. Des cœurs égoïstes et indifférents. Il en coûte à Dieu mais il a voulu payer ce prix parce qu’il nous aime et qu’il nous veut à lui. Laissons-nous toucher, bouleverser par cette façon qu’a Dieu de nous saisir pour nous attirer à la vie. Il a trouvé que rien n’est trop beau pour nous. C’est pourquoi il envoie son Fils faire de nous des fils et des filles héritiers. Il a voulu que nous soyons de la famille de Dieu et que nous partagions l’amour familial de Dieu. Il ne veut pas nous donner beaucoup, il veut nous donner tout.
Alors, finalement, il faut en parler autour de nous. Nous sommes tant aimés. Quand allons-nous répondre autrement qu’en disant à Dieu : attends que je sois vieux et peut-être que j’y penserai… C’est une indifférence tragique. C’est faire du christianisme un mythe facultatif, alors que Dieu est venu un jour dans une vie d’homme parce qu’il nous aimait tant.