homélie du 5e dimanche B, 7 février 2021
{joomplu:488} Lorsque quelqu’un est frappé par une grave maladie, sa vie devient lourde à porter. Son horizon se bouche. Le découragement est tapis à la porte de son cœur. Bien des gens, dans les hôpitaux ou à la maison, pourraient dire comme Job : « depuis des mois je n’ai en partage que le néant,
je ne compte que des nuits de souffrance. » (Jb 7,3) Cette situation est usante, et la foi est en péril. Le mal qui s’est introduit dans le monde fait que l’homme doute plus facilement de Dieu. La souffrance est une grande menace pour l’homme et elle peut même le détruire intérieurement davantage qu’extérieurement, en le remplissant d’amertume et de révolte.
Quand on est devant quelqu’un qui souffre, il n’y a pas grand-chose à dire, mais il faut rester avec lui, il ne faut pas le fuir. Il n’y a rien de pire que de sentir que les gens nous fuient parce que nous souffrons. Nous n’avons pas grand chose à dire, mais une des choses qu’il faut dire c’est : ne reste pas longtemps dans la révolte, ne te laisse pas envahir par l’amertume ! Révolte-toi pour un temps, car tu n’es pas fait pour souffrir. Révolte-toi pour ne pas croire que tu mérites tout cela. Mais après, choisis de surmonter la révolte et de regarder autrement ta situation. Au cœur de ta souffrance, tu peux accueillir une visite.
Oui, pour celui qui souffre, il reste la possibilité d’accueillir la visite du Seigneur. C’est pourquoi, quand Jésus fait advenir le Royaume, un des signes de cette venue est qu’il guérit des malades. La guérison des malades est un signe fort que Dieu est proche, qu’il ne nous abandonne pas, que notre vie n’est pas perdue.
Il n’a pas guéri tous les malades, et il faut apprendre à regarder plus haut que le problème direct de la maladie. La proximité de Dieu c’est la promesse de la vie éternelle. Les quelques miracles qui ont lieu sont comme des panneaux indicateurs de la vie qui vient de Dieu et nous entraîne vers la vie éternelle. Dieu n’est pas proche seulement lorsqu’on guérit, mais aussi lorsque nous souffrons et que nous ne voyons pas d’issue.
C’est normal d’espérer un miracle. Mais il faut aussi se rendre compte que les miracles sont très difficiles à recevoir. Une mentalité technicienne, toute tournée vers la vie terrestre, ne peut pas accueillir les miracles. La pensée que le bonheur terrestre est un dû ne peut pas accueillir les miracles. Et c’est sûrement une des raisons pour laquelle il y en a si peu de nos jours.
Nos cœurs reçoivent le plus grand miracle lorsqu’ils comprennent l’action de Jésus non seulement dans les guérisons et les exorcismes que raconte l’évangile d’aujourd’hui, mais aussi dans sa passion et sa résurrection. Là l’action de Jésus prend une allure décisive pour tous. C’est désormais pour tous ceux qui croiront partout sur la terre que la mort est traversée et devient le passage vers la vie. Nous devenons accordés à l’action de Jésus lorsque nous laissons cette victoire habiter notre cœur, le pacifier, le rendre confiant pour l’avenir quoi qu’il arrive. Le moment où nous perdons le contrôle de notre vie, parce que nous sommes comme submergés, peut être un moment béni. Il peut être le moment où nous nous enfermons dans l’amertume et le ressentiment. Mais aussi le moment où nous entrons déjà dans la vie éternelle en nous abandonnant tout entiers dans la main de Dieu. « Père, je ne te sens pas mais je sais que tu es là, je me redis à moi-même que je suis dans ta main. Jésus qui a fait tant de guérison me donnera la vie éternelle. »