homélie de Pâques 2021
{joomplu:204} Comment allons-nous prendre la mesure de cet événement qui est le plus déterminant de toute l’histoire humaine : le Christ est ressuscité ? Il y a eu beaucoup d’interprétation de l’événement qui, tout en essayant de le faire comprendre aux gens d’aujourd’hui, l’ont en réalité minimisé. On a pu en faire une loi de la nature, comme on remarque que tout revit en ce printemps. On a pu en faire une loi de la psychologie, selon laquelle c’est dans le cœur des disciples que Jésus serait ressuscité, lorsqu’ils auraient découvert que son souvenir et son enseignement étaient toujours bien présent en eux. Tout cela est plausible, mais fait perdre à la résurrection du Christ son caractère puissant et bouleversant qui a conduit les apôtres à tout risquer pour leur Seigneur, eux qui jusqu’alors cherchaient à faire réussir leur entreprise d’une façon humaine. Or c’est vraiment d’une façon divine que l’Église a commencé à rayonner, c’est-à-dire dans la foi qui est victorieuse des persécutions, des injures, des menaces, et ceci pendant 3 siècles — nous l’oublions trop facilement — et aujourd’hui encore c’est au milieu de mille répressions que l’Évangile progresse au Vietnam, en Chine, en Inde, au Pakistan ou ailleurs.
Qu’est-ce que la résurrection du Christ, pour susciter une telle force dans le cœur des croyants ? Ce n’est pas la résurrection seule qui permet de marcher, mais la passion du Seigneur et sa résurrection toutes ensemble. Pour ne pas prêcher un évangile de bisounours, nous devons accueillir dans notre cœur tout le mystère pascal. C’est comme cela que nous aurons un regard qui comprend vraiment ce qui est en jeu dans l’histoire humaine. C’est comme cela que nous comprendrons ce que le Seigneur attend de nous qui avons commencé de recevoir sa lumière.
Qu’avons-nous contemplé en ces jours ? Nous avons contemplé le combat du Christ et sa victoire. Jésus est descendu dans la misère du monde, il a lutté pour ramener les pécheurs à la vie, pour leur donner l’espérance de communier au cœur du Père. Il n’a pas lutté pour dire que le mal et le péché ce n’était finalement pas si grave. Mais il a lutté pour faire comprendre qu’on pouvait en sortir en se mettant de son côté. Et il est allé combattre le mal lui-même, et son inventeur, le satan, il est allé le combattre à mains nues, armé de l’arme la plus efficace, mais la plus coûteuse à manier : armé de son amour. Il est venu combattre le satan sur le terrain du mépris, de la haine, du rejet, sur le terrain de la douleur aussi et sur celui du sentiment d’être abandonné de tous, même de Dieu. Et aujourd’hui nous célébrons sa victoire. Tous ceux qui se mettent de son côté se revêtent de sa victoire et affrontent le combat de la vie avec sa force.
C’est le sens de la foi, et du baptême : non pas chercher une protection qui détourne les épreuves de la vie, mais accueillir la force du Christ qui nous permet d’affronter ces épreuves et de les tourner en lumière. Celui qui croit ne dit pas seulement : j’estime qu’il y a quelque chose après la mort. Mais il se fait compagnon du Christ pour marcher avec lui, pour unir son cœur à lui, et choisir avec lui jour après jour les armes de lumière pour remporter par lui la victoire. Par la foi, nous accueillons l’œuvre de Dieu en nous et nous la laissons se déployer.
Qui me donne la force de pardonner ? C’est le Christ ! Qui me donne la force d’espérer contre toute espérance ? C’est le Christ ! Qui me donne la force de donner ma vie pour les autres, de m’attacher à la vérité plutôt qu’à ce qui plaît ou que tout le monde dit ? C’est le Christ ! En tenant la main du Christ nous avançons vers la lumière même au milieu des pires difficultés. En tenant la main du Christ nous découvrons que nous sommes tant aimés et nous vivons de son amour pour nous. En tenant la main du Christ, nous trouvons aussi la force de changer dans notre vie ce qui nous empêche d’avancer, ce qui nous tourne vers nous-mêmes, ce qui nous fait utiliser les autres pour notre consolation. En tenant la main du Christ, nous devenons vraiment libre, y compris libre de nos pulsions, de nos vagues à l’âme, de nos découragements. Seigneur, nous célébrons ta victoire et nous l’accueillons au plus intime de nous-mêmes. Béni sois-tu d’être venu combattre et vaincre pour nous !