(4ème dimanche de l'Avent)
Le prophète Michée annonçait la venue d’un berger pour Israël, qui serait lui-même la paix, mais il l’annonce au terme d’ « un temps de délaissement » (Mich 5,2). C’est une constante dans les annonces du Sauveur qu’il y aura d’abord un temps d’épreuve, à travers lequel un petit reste subistera (Soph 3,13). Dans notre vie de croyant nous vivons ce genre d’épreuve de délaissement, où nous estimons que le Seigneur nous a abandonnés alors qu’il est en train de s’approcher de nous en nous façonnant un cœur de pauvre capable de tressaillir de joie à sa venue.
L’humanité elle aussi traverse parfois des moments difficiles. Nous pourrions vivre l’indécision de Copenhague par rapport à la sauvegarde du climat comme un temps de délaissement. Quand on se sent délaissé, toujours on s’interroge : que fait Dieu ? Lui, de son côté, ne s’apprête pas à résoudre les difficultés d’un coup de baguette magique, mais — la deuxième lecture (He 10,5-10) et l’évangile (Lc 1,39-45) nous le montrent — il se demande comment rétablir le lien rompu entre l’humanité et lui, comment aider l’homme à se tourner vers lui, à vivre de lui pour faire des choix audacieux.
De tels choix audacieux sont nécessaires aujourd’hui, et notre pape Benoît XVI nous y a invités tout au long de la semaine, dans des interventions pratiquement pas relayées par les médias. Au moment où la conférence de Copenhague semblait piétiner, le pape demandait des « accords internationaux contraignants pour la sauvegarde de l’environnement ». Puis il y a eu son message percutant pour la Journée mondiale de la Paix, dont je vous copie un extrait :
« il est indispensable que l’humanité renouvelle et renforce l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le miroir de l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons. (...) Il est donc sage d’opérer une révision profonde et perspicace du modèle de développement, et de réfléchir également sur le sens de l’économie et de ses objectifs, pour en corriger les dysfonctionnements et les déséquilibres. Les situations de crise contraignent, en particulier, à adopter une manière de vivre basée sur la sobriété et la solidarité. (...)
« Il revient à la communauté internationale et aux gouvernements de chaque pays de donner de justes indications pour s’opposer de manière efficace aux modes d’exploitation de l’environnement qui lui sont nuisibles. Pour protéger l’environnement, pour sauvegarder les ressources et le climat, il convient (...) de tenir compte de la solidarité due à ceux qui habitent les régions plus pauvres de la terre et aux générations futures. »
Qu’est-ce qui nous donnera l’audace de préparer l’avenir par nos choix ? C’est l’Esprit Saint, lui qui anime Jean-Baptiste et le pousse à faire la fête au Christ qui le visite encore embryon. L’Esprit qui donne à Elisabeth ce sens de la foi qui lui permet de discerner devant elle non pas simplement sa cousine mais « la mère de mon Seigneur ».
Nous pourrions dire que l’Esprit Saint est un Esprit de déclic. Demandons nous aussi que l’Esprit nous donne ce sens de la foi qui permet de goûter les choses de Dieu et de le voir à l’œuvre dans nos vies et dans l’Église. Par l’Esprit Saint, le bon Samaritain se laisse toucher par l’homme blessé. L’Esprit rend le cœur du père sensible à son fils prodigue et l’aide à surmonter la peine d’être trahi. Par l’Esprit Saint, Zachée ose chercher Jésus au milieu de la foule. Par l’Esprit Saint, les disciples se laissent attirer par Jésus et le suivent. Par l’Esprit Saint Pierre peut voir le mystère de Jésus et le déclarer : tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. Par l’Esprit Saint les disciples rencontrent Jésus dans l’eucharistie.
Et nous aussi nous pouvons vivre tout cela. Demandons à l’Esprit d’être touché.