homélie du mercredi des cendres 2019
Pour nous{joomplu:92} souhaiter une bonne entrée en carême, les médias nous gavent des péchés de quelques hommes d’Église. C’est une nouvelle croix pour tous les croyants. Il ne faut pas que nous imitions leur façon de juger et de jeter le trouble. Et en même temps elle est très grave, la chute de celui à qui est confié le ministère de la sanctification, à qui il est demandé de donner Dieu. C’est le pasteur qui dévore ses brebis, comme déjà le prophète Ézéchiel l’avait dénoncé.
Ces sombres nouvelles nous arrivent au début du carême. Alors, vivons ce carême comme il se doit : en suppliant la miséricorde de Dieu. Ces grands pécheurs sont nos frères. Nous souhaitons que victime et offenseur marchent vers le même salut, celui que seul Dieu peut réaliser. Notre cœur est broyé par notre compassion envers les victimes, ainsi que par notre déception au sujet des coupables. Qu’il se laisse guérir en espérant le salut pour les uns et les autres, en priant, en suppliant le Seigneur. Que les coupables puissent demander pardon, s’amender et réparer ce qui peut l’être ; que les victimes puissent pardonner et progresser encore dans la foi.
Plus généralement, quand un frère chrétien pèche gravement, deux attitudes sont possible : le rejet pur et simple, être de ceux qui achèvent les blessés et tirent sur les ambulances ; ou être de ceux qui soignent les blessés avec compassion et les relèvent. « Dieu pardonne, oublie nos fautes, encourage par des paroles ; Il inclut dans sa discipline le relèvement et la reconstruction. Satan ne pardonne pas, accuse et garde rancune, comptabilise nos fautes et les rappelle, décourage par la médisance et calomnie, abaisse et détruit. Dieu relève toujours un blessé, Satan l’achève. »1 Le Christ n’a jamais péché, mais il a donné sa vie pour que vive le pécheur : « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. » (2 Co 5,21) Il ne faut pas limiter la puissance de salut que le Christ a mise en œuvre. Il ne faut pas non plus lui rester étrangers.
Nous voilà donc au pied du carême, de cette belle montée vers Pâques, vers la victoire du Christ sur tout mal. Comme nous ne voulons pas que cette victoire se passe sans nous, nous allons nous engager dans le combat spirituel. Comment combattre ? La discipline du carême brille par sa simplicité : générosité, prière, jeûne.
La générosité du don, l’aumône, au moins un dixième de ce que nous gagnons : c’est la mesure habituelle détaillée dans la Bible et la pratique de l’Église ancienne (la dîme). Et si nous pouvons plus, c’est encore mieux. En tout cas c’est une privation, ce n’est pas que le superflu que nous donnons.
Prier davantage. C’est-à-dire plus longtemps et plus passionnément, avec plus d’amour. À la maison, à la messe. On peut aussi rejoindre un groupe de prière, comme la prière des mamans le 1er mardi du mois à Aulnois, ou les groupes du jeudi soir à La Bouverie et vendredi soir à Noirchain. Ou l’adoration le mercredi 10h à La Bouverie ou le jeudi midi à Ste-Waudru.
Enfin jeûner, faire prier notre corps. Parce que nous nous serons privés de nourriture, notre corps se plaindra, et nous pourrons alors l’exhorter à la louange et au dépouillement. Tout notre être vibrera davantage à l’amour de Dieu.
Vivre le carême ainsi sera une vraie lutte, qui n’a qu’un seul but : que nous soyons de moins en moins le centre — alors que nos besoins nous prennent si souvent la tête — afin de vivre plus intensément du grand commandement de l’amour. Beau et saint carême à vous !
1Pasteur Philippe Auzenet, responsable de l’Association “REFUGE”, dont le but est le relèvement et la restauration des personnes œuvrant dans le service de Dieu.