homélie du 15e dimanche A, 13 juillet 2014
La mission{joomplu:182} de la Parole que Dieu donne est comparée à celle de la pluie, avec des verbes riches de vie : abreuver, féconder, faire germer, donner à manger (Is 55,10). Dieu n’est pas un muet qui un beau jour a lancé le monde, un Créateur qui surplomberait tout comme le soleil. Il parle, il cherche une relation avec l’homme, une relation qui donne la vie, qui féconde nos existences et leur fait porter un beau fruit d’amour.
Cette Parole qui vient de Dieu n’est pas un décret fédéral qui s’impose à tous. Elle se heurte aux réticences de ceux qui « écoutent sans écouter et sans comprendre » et « sont devenus durs d’oreille pour que leurs oreilles n’entendent pas » et « que leur cœur ne comprenne pas » (Mt 13,13). Il y a chez l’homme une dramatique capacité de refus de la vie véritable, un pouvoir de tourner le dos à Dieu et de choisir la dureté et le vide en se laissant détourner par les « séductions de la richesse » ou les « soucis du monde ».
On pourrait imaginer que si Jésus parle le langage imagé des paraboles c’est pour être mieux compris. Mais en réalité c’est tout le contraire : les paraboles dissimulent les mystères du Royaume à ceux qui ne veulent pas s’y ouvrir ; « si je leur parle en paraboles, dit Jésus, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, qu’ils écoutent sans écouter et sans comprendre. Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. » (Mt 13,13-14). L’arrogance de celui qui refuse de changer son cœur vient s’écraser sur le mur des paraboles, afin que peut-être de son cœur jaillisse un cri plus humble qui demande à comprendre.
À d’autres, il est donné de goûter le sens de la Parole. Ce sont ceux qui ont pris des risques pour le Christ. « À vous il est donné de connaître les mystères du Royaume des cieux » (v.11). Eux ont abandonné un confort, des sécurités pour se mettre en quête de la vie de Dieu. Rendus fertiles par leur attente, leur désir de ce qui est profond, leur disponibilité à être bousculés, ils peuvent vibrer à la vie qui jaillit de la Parole de Dieu. C’est une expérience que tout le monde peut faire : quand on refait confiance à Dieu, quand on abaisse les barrières de notre esprit critico-cynique, on goûte une vie nouvelle qui répand en nous la joie, le désir de donner de l’amour, de porter tendrement ceux qui nous entourent. C’est la vie de Dieu qui coule en nous et de nous vers les autres. La Parole accueillie avec amour nous féconde de cette vie. Apprenons par cœur chaque dimanche ou même chaque jour un verset ou quelques mots de l’évangile, pour que sa sève monte en nous quand nous en ferons mémoire au fil de nos journées. La Parole nous dit des choses qui ne nous jugent pas bien qu’elles nous secouent, des choses qui nous poussent à la reconnaissance et à l’amour.