homélie du 31e dimanche C, 30 octobre 2016
À quoi{joomplu:529} cela servirait-il de savoir que Dieu est bon s’il n’y a personne pour accueillir sa bonté ? C’est une bonté qui qui disparaîtrait dans les sables de l’indifférence. À Jéricho ce jour-là, les choses auraient pu se dérouler ainsi. Jésus vient, lui l’image du Dieu invisible (Col 1,15), le témoin fidèle de sa bonté, l’expression parfaite de son être intime (He 1,3). Il vient parler de la miséricorde de Dieu, il raconte la parabole du pharisien et du publicain, les gens disent : « c’est bien, c’est bien ! Nous voilà rassurés, il ne faut pas faire tous ces efforts des pharisiens… », et puis il continue sa route.
Mais heureusement, un homme veut plus. Il veut voir Jésus. Il n’est plus rassasié du fait d’être riche et craint dans toute la ville — à défaut d’être aimé, mais ça, ça lui est égal. Le manque qu’il éprouve, ce manque qui de nos jours pousse l’un au suicide, l’autre dans la drogue, ce manque le pousse à braver toutes les convenances et à grimper dans un sycomore en dépit du ridicule dont il se couvrirait sûrement.
Zachée cherche Jésus. Il a entendu parler de lui, il a entendu dire qu’il y a un espoir pour les pécheurs, une lumière qui peut luire au fond du cœur. Il n’est pas condamné à minimiser ses torts et à se blinder contre tout reproche intérieur ou extérieur. Les sycomores d’aujourd’hui, sur lesquels on grimpe pour voir Jésus, ce sont les confessionnaux. Dans la confession, bravant la peur du ridicule et du qu’en-dira-t-on, il est donné à chacun de voir Jésus, par le ministère du prêtre, qui existe pour cela. Et que se passe-t-il alors ?
Il se passe l’imprévisible, l’inouï de Dieu. Zachée se découvre aimé personnellement. Ce n’est plus pour les pécheurs en général que Jésus a parlé, c’est pour lui. Et Dieu n’attend pas que le pécheur change pour l’aimer, au contraire il commence par l’élire au milieu de tous : c’est chez lui qu’il lui faut demeurer. Spontanément, on pensait que l’amour de Dieu pouvait aller jusqu’à dire : bien que tu m’aies tourné le dos, je t’aimerai si tu reviens… Mais voilà que tous les habitants de Jéricho découvre la miséricorde — ils la découvrent comme un scandale qui leur arrache un cri : il est allé loger chez un pécheur ! La miséricorde de Dieu, la voici : Dieu aime tendrement le pécheur et lui dit : je t’aime tant, j’ai tout préparé pour que tu reviennes.
Et c’est ce qui arrive : Zachée laisse céder son cœur et retrouve les vues de Dieu sur la justice et les biens matériels. Le salut l’a atteint. La bonté de Dieu a porté son fruit, elle ne s’est pas perdue dans les sables de l’indifférence. Qui pouvait faire cela ? Dieu seul peut guérir un cœur. « Tu fais miséricorde à tous les hommes, parce que tu peux tout », disait le livre de la Sagesse (Sg 11,23). Dieu seul peut tout, mais il fallait la rumeur de Jéricho qui laisse savoir à Zachée que Jésus est entré dans la ville. C’est cela l’Église, la vie de l’Église : être la rumeur qui emplit notre ville pour dire : il y a une espérance pour votre cœur, Dieu visite son peuple, nous ne sommes pas seuls, à devoir chercher toutes sortes de sécurités. Nous avons un Père du ciel qui dit : tu comptes pour moi, je veux te combler de mon amour, reviens près de moi !