homélie de la fête du Saint-Sacrement, 23 juin 2019
{joomplu:6}Le Christ annonce le Royaume et il montre sa fécondité en nourrissant la foule avec seulement 5 pains et deux poissons. Bien que de nombreux interprètes présentent cet événement comme un simple moment de partage de pique-nique réussi, je ne pense pas que cette interprétation soit juste, car l’Évangile insiste justement sur l’action de Jésus et pas la disposition de cœur des participants. C’est Jésus et lui seul qui est capable de nourrir une foule à partir d’un manque de moyens humains. Ce manque est souligné dans la réponse d’impuissance des apôtres quand Jésus les enjoint de donner eux-mêmes à manger à la foule. Humainement c’est impossible, avec la meilleure volonté du monde, mais la présence du Seigneur Jésus qui annonce le règne de Dieu va changer la donne et tous furent rassasiés. « Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, ni le soleil ni la chaleur ne les accablera, puisque l’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. » (Ap 7,16 et Is 49,10).
Cette puissance qui sauve, Jésus montre ensuite comment il va l’étendre à tous. Le jour où il donne sa vie « en rançon pour la multitude », il prend du pain et le donne à ses apôtres en affirmant : « ceci est mon corps, livré pour vous ; faites cela en mémoire de moi ». Voilà le trésor que les apôtres iront transmettre jusqu’aux extrémités du monde (1 Co 11,23). Dans ce sacrement nous vivons une rencontre rapprochée avec le Fils de Dieu. La foi de l’Église, transmise depuis 2000 ans, nous dit qu’il ne s’agit pas seulement d’un symbole évocateur mais qu’il est réellement présent, Celui qui a donné sa vie par amour pour nous. Ici, dans ce sacrement que tant de nos contemporains trouvent superflu, le Christ se donne tout entier. C’est si difficile à imaginer que notre indifférence a peut-être quelques parcelles d’excuse. Et c’est pour nous réveiller que cette fête existe : se rendre compte de cette visite amoureuse de Celui qui contient tout l’univers et en avoir nos vies changées.
Je voudrais approfondir ce dernier point : c’est une visite amoureuse. Pour parler du lien personnel très intime que le Christ cherche à vivre avec son Église, l’Écriture parle des « noces de l’Agneau ». Il y a un mariage du Christ avec son Église, et l’eucharistie nous le fait vivre puisque le Seigneur se donne à nous. C’est la forme la plus grande de l’amour : se donner à l’autre, se consacrer tout entier pour lui. Nous sommes tous invités à entrer dans ce mariage, ce mariage indissoluble, ce mariage qui ne se reprend jamais. Et le sacrement de mariage entre un homme et une femme est totalement marqué par cette façon d’aimer qu’a eue le Christ. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », avait-il dit. Alors, dans l’eucharistie, ceux qui sont mariés vont trouver des forces spéciales pour donner à nouveau leur vie pour celle, pour celui qu’ils ont épousé. Ce n’est pas facile tous les jours, mais le Seigneur n’a-t-il pas changé nos 5 pains et nos 2 poissons en une nourriture pour 5000 personnes ? Ne viendrait-il pas au secours de nos cœurs quand ils sont en panne ? L’eucharistie et le mariage sont deux réalités qui se tiennent intimement.