(homélie du 4ème dimanche de carême, 14 mars 2010, sur Luc 15,1-3.11-32)
Je voudrais m’attarder à une scène qu’on ne met pas souvent en avant dans cet évangile : la fête que le père organise pour son fils, avec le banquet, la musique, les danses. Une fête superbe. Chaque fois que nous venons à Dieu, pour l’eucharistie, pour la prière{joomplu:38} solitaire dans la chapelle ou dans le secret de notre chambre ou dans le train, Dieu organise une fête dans son cœur pour nous. Et bien que nous ne la sentions pas avec nos yeux de chair et que ses rythmes ne saisissent pas nos membres, cette fête saisit notre vie et nous pouvons partir à sa découverte par nos sens intérieurs.
L’ennui c’est que notre vie est souvent régie par ce que les autres pensent de nous, et ce que nous pensons de nous-mêmes. Beaucoup de nos actions en dépendent, ainsi que bon nombre de nos états intérieurs. Dans la prière, nous passons bien du temps à penser à nous, à notre situation par rapport à Dieu, à ce que nous imaginons que Dieu pense de nous, à notre état de disgrâce ou de mérite envers Dieu. Nous sommes comme le fils cadet qui rumine son discours dans sa tête : « Père, je ne suis pas digne... », ou comme le fils aîné qui ressasse sa droiture.
Le Père n’a que faire de cette attitude...
Il veut organiser une fête pour son fils qui revient, et inviter l’autre fils à se réjouir d’être toujours avec lui (v.31). Demandons au Saint-Esprit de pouvoir vivre nos temps de prière ainsi : nous réjouir d’être avec le Seigneur, parce que c’est lui ; nous imaginer la fête que Dieu fait de nous voir penser à lui dans la chapelle, sur le quai de la gare, dans notre maison. Dans un détachement de plus en plus grand de nous-mêmes nous goûterons de plus en plus intensément la joie d’aimer Dieu, de le mettre au centre de nos pensées, et même de nos pensées pieuses...