Beaucoup d’encre va encore couler sur ce que le cardinal Danneels a fait et surtout sur ce qu’il aurait dû faire lors de son entrevue avec l’évêque de Bruges et le neveu que celui-ci avait abusé. On dira que puisqu’il n’a pas immédiatement poussé Mgr Vangheluwe à la démission, puisqu’il a suggéré d’attendre la retraite de l’évêque un an plus tard pour divulguer l’affaire, puisqu’il a même parlé de pardon, c’est sûr qu’il a « voulu couvrir l’affaire du manteau du secret ».
Je ne suis pas du tout d’accord avec cette interprétation. Tous, lorsque nous sommes pris au dépourvu, nous réagissons avec ce qui nous paraît le meilleur au moment donné. La réaction du cardinal Danneels montre qu’il avait en vue le bien du jeune homme et de sa famille tout autant que celui de l’Église. Il savait que le cœur de cet homme ne serait pas apaisé parce que son oncle serait obligé de démissionner. On voit d’ailleurs bien que c’est le cas : faire payer un coupable ne donne pas la paix, même si cela peut servir à sauvegarder l’ordre public. La paix ne se trouve que par le pardon. Suggérer au neveu de Mgr Vangheluwe de pardonner, ce n’est pas lui suggérer de ne jamais parler de l’affaire ; en parler peut d’ailleurs faire partie du processus du pardon. Proposer de pardonner, c’est plutôt ouvrir un chemin qui guérit du mal reçu, qui fait dire : tu m’as fait du mal mais je ne veux pas t’en vouloir sans fin ; je veux qu’une nouvelle relation s’installe entre nous, basée sur le respect et sur la reconnaissance d’une valeur plus profonde que ta qualité d’agresseur et de pervers : tu es enfant de Dieu comme moi, appelé comme moi à la vie éternelle.
On peut se dire que le cardinal aurait pu agir autrement, c’est tout à fait possible, il y avait plusieurs réactions moralement bonnes. Mais on ne peut pas se dire qu’il a mal agit ; encore moins que son action lui mérite maintenant d’être à nouveau traîné dans la boue par toute la presse, comme ce fut le cas avec la fausse affaire de la photo de jeune fille nue, dont il s’est avéré que toutes les personnes qui visitaient le site de la TV flamande avaient cette photo sur leur ordinateur.
Le cardinal a agi d’une façon intelligente, d’une façon qui ne pratique pas en mettant les gens à la poubelle. Il a cherché comment ouvrir un avenir. Il faut rappeler que les faits étaient prescrits, ayant eu lieu il y a 24 ans, que la justice n’a même pas de guichet pour accueillir ce genre de dénonciation. Que seul les médias pouvaient traiter l’affaire, et ils ont même commencé à le faire avec délicatesse, avant qu’un désir secret de se faire la peau du cardinal Danneels ne reprenne les commandes.
Alors j’espère que nous les chrétiens, nous n’allons pas nous mettre à hurler avec les loups. L’Église est belle et mérite notre respect. Le cardinal Danneels est un grand homme de Dieu. Tous, confrontés au mal autour de nous, nous essayons de réagir pour aller de l’avant. Dans l’Église de Jésus on ne s’amuse pas à clouer les coupables au pilori, à les exposer à la vindicte publique pour que tous ceux qui se croient justes viennent leur cracher au visage, comme on le voit dans les forums des journaux et même dans leurs articles.
Qui s’est soucié du bien de la famille Vangheluwe, du bien du jeune homme abusé, de leur avenir ? Ce ne sont pas tous les bien-pensants qui accusent maintenant l’Église d’entretenir le secret. C’est le Cardinal.
Voilà, permettez-moi ce coup de gueule... Soyons disciples de Jésus qui relève tous les pécheurs et nous donne un avenir. Ce qui se passe ici vaut pour tous !