Ce sacrement ne s’approche qu’avec le cœur
homélie de la fête du Corps et du Sang du Christ, 11 juin 2023
{joomplu:568} Deux choses me frappent spécialement dans les lectures d’aujourd’hui. La manne, qui annonce l’eucharistie, est donnée au peuple dans un contexte où Dieu lui dit qu’il veut savoir ce qu’il a dans le cœur (Dt 8,2). Et Jésus annonce que le pain qu’il donnera, c’est sa chair, donnée pour la vie du monde (Jn 6,51). Dieu, qui est amour, s’intéresse à notre cœur. C’est par là qu’il peut nous rencontrer et qu’il peut nous combler. L’homme qui a le cœur ailleurs ne peut jamais comprendre le salut ; il reste étranger aux dons de Dieu, il n’en comprend que la dimension matérielle. Pour lui, les miracles devraient être des prodiges extérieurs, et il en conclut qu’ils n’existent pas ou qu’ils sont fort rares. Il n’en va pas de même pour l’homme intérieur, qui s’avance vers le Seigneur le cœur ouvert et plein de désir. Chez lui, Dieu a trouvé la porte d’entrée pour y déposer sa paix et sa joie.
Nous avons su que Dieu est amour parce qu’il est Trinité
homélie de la fête de la Sainte-Trinité, 4 juin 2023
{joomplu:557} Pendant des siècles, l’action de Dieu envers l’humanité a été de faire reconnaître au peuple hébreu qu’il n’existe qu’un seul Dieu. Pour l’homme, c’était difficile à accepter de vivre ainsi, dans la dépendance au Dieu unique, sans se permettre de nourrir l’illusion de pouvoir se tourner vers un autre dieu si nous sommes déçus de la divinité, ou si elle nous demande une fidélité trop exigeante… On mesure bien que c’est difficile, à la tendance contemporaine d’aller manger un peu à tous les rateliers du supermarché des religions. Quel défi de servir le Dieu unique ! Mais quel défi lumineux !
Disciples de l’Envoyé
homélie de la Pentecôte, 28 mai 2023
{joomplu:185} Si nous sommes ici ce matin, c’est parce qu’il y a eu cet événement raconté dans l’évangile d’aujourd’hui : après sa mise au tombeau, Jésus se montre vivant, avec les marques des plaies de sa passion, au milieu de ses disciples, et il leur donne l’Esprit Saint pour les envoyer en mission. S’il n’y avait pas eu ce don de l’Esprit Saint, s’il n’y avait pas eu cet envoi en mission, nous serions encore en train d’adorer les dieux celtes ou romains, ou la lune et le soleil, et nous ne connaîtrions rien de ce Dieu qui aime les êtres humains et qui veut les tirer des chaînes du mal.
Vivre dans l’amitié de Dieu — homélie de la première communion
7e dimanche de Pâques, 21 mai 2023
{joomplu:567} Aujourd’hui nous avons entendu ce qui est comme le testament de Jésus. Cela va nous permettre de répondre à la question : qu’est-ce que Jésus le Fils de Dieu est venu apporter ? Qu’est-ce que c’est être chrétien ? Ce testament, tout à la fin du grand discours de Jésus, est une prière ; le Seigneur Jésus parle à son Père bien-aimé. Et il lui demande « glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie ! ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Glorifie… on pourrait le traduire par : fais réussir ma vie ! Qu’elle soit belle ! Qu’elle soit pleine de joie pour toujours ! Que jamais ça ne cesse ! C’est la vie éternelle.
La merveilleuse lumière
homélie du 5e dimanche de Pâques, 7 mai 2023
{joomplu:178} Tous les êtres humains se posent la question de la fin de leur vie terrestre et de ce qu’il pourrait y avoir après. Les suppositions vont bon train depuis des milliers d’années. Puis vient Jésus, qui se présente comme celui qui sait, et même celui qui maîtrise cette inconnue pour tous. Il est capable de « préparer une place » (Jn 14,3), et de prendre avec lui ceux qui s’attachent à lui. Il fait sentir cela aux apôtres dans le discours que nous venons d’entendre, et quelque temps après il va leur révéler comment cela est possible. Il est devenu le maître de la mort, par sa fidélité totale au Père tout au long de sa Passion ; il a acquis le pouvoir sur la mort et le Père peut le relever d’entre les morts, le ressusciter.
Comment sommes-nous sauvés par la foi ?
homélie du 2e dimanche de Pâques, 16 avril 2023
{joomplu:565} Nous sommes frappés de la vitalité de la première communauté chrétienne : « chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés », nous dit le texte des Actes des apôtres. Il était encore très frais dans la mémoire, l’événement par lequel Dieu avait vaincu la mort par la fidélité de son Fils bien-aimé jusqu’à la croix. Le mot « être sauvé » avait un contenu très concret : obtenir le pardon de ses péchés, recevoir le don de l’Esprit Saint, participer à la vie qui s’était révélée dans le Seigneur Jésus. Ils étaient du côté du Vivant, plus rien ne menacerait désormais leur existence, la vie éternelle leur était ouverte. Les biens matériels devenaient si relatifs devant cette grande vie qui s’ouvrait que c’était naturel de tout mettre en commun. La promesse de vie que Dieu avait réalisée balayait toutes les inquiétudes.
Une aventure avec Dieu
homélie de la veillée pascale 2023
{joomplu:199} Nous avons souvent des idées théoriques sur Dieu, nous demandant s’il existe, ou pourquoi il tolère le mal s’il peut agir dans la vie des hommes, etc. Ce sont des idées qui nous paralysent et nous font rester dans une sorte de vague status quo. Ce soir au cours de cette veillée pascale nous entourons six jeunes femmes qui se sont situées tout différemment devant Dieu. Elles ont commencé une histoire avec lui. Ce n’était peut-être pas ce que vous aviez imaginé en prenant contact avec la paroisse pour recevoir le baptême, mais vous avez accepté d’entrer dans un long cheminement, toute une histoire que vous tissiez avec Dieu au fil des rencontres du catéchuménat, des entretiens individuels ou en groupe, des temps de prière avec la paroisse, et finalement les dernières étapes depuis le début du carême. Aujourd’hui, après avoir entendu toutes ces lectures, nous nous rendons tous compte que la découverte de Dieu se fait en vivant une histoire avec lui. C’est l’histoire sainte, dont vous avez entendu le récit de quelques moments, depuis la création jusqu’au projet de recréation du cœur de l’homme, en passant par l’épreuve de foi d’Abraham, la détresse du peuple hébreu et sa libération, et tout le chemin de purification offert par les prophètes. Dieu ne se rencontre pas comme la solution à une question, mais comme un partenaire avec qui on chemine. C’est comme cela que l’humanité a appris Dieu ; c’est la Révélation de Dieu au fil de l’histoire sainte, d’abord vécue puis consignée dans les Écritures que l’on appelle la Bible.
Le silence de Dieu quand il renverse le mal
Homélie du dimanche des Rameaux 2023
{joomplu:187} Chaque année nous écoutons le récit de la Passion du Seigneur Jésus et nous nous imprégnions de la façon dont Dieu affronte le mal. Cela nous permet de tenir lorsque nous aussi, dans nos vies, nous retrouvons face au mal. Ce qui me frappe aujourd’hui est le silence. Silence de Jésus qui étonne Pilate lorsqu’il ne lui répond plus rien. Silence du Père, qui fait crier Jésus « mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Dans la Passion selon saint Matthieu de Jean-Sébastien Bach, au moment où Judas arrive avec la foule armée d’épées et de bâtons pour capturer Jésus, le chœur s’exclame : n’y a-t-il pas un tremblement de terre, un orage, un tonnerre déchaîné ? N’y a-t-il rien qui vienne du ciel comme intervention divine ? Cette question, nous nous la posons à notre tour lorsque le mal débarque dans notre vie. Mais à l’arrogance du mal — car le diable est rempli d’arrogance envers le Créateur et il nous l’enseigne comme il le peut — Dieu répond par le silence et par la fidélité de son Fils coûte que coûte. Et c’est ainsi qu’il terrasse le mal. Qu’il nous donne la force de le suivre le jour où c’est notre chemin à nous aussi ! Qu’il nous remplisse de fidélité pour remporter avec lui la victoire plutôt que de chercher une échappatoire du côté du malin. Si vous voulez vibrer à tout cela, je vous recommande ce très beau commentaire de la Passion selon saint Matthieu de Bach.
Il y a une lumière pour ta vie. Accueille-la !
homélie du 4e dimanche de carême, année A, 19 mars 2023
{joomplu:178} Jésus accomplit une œuvre de lumière, l’œuvre de lumière par excellence : il rend la vue à un aveugle de naissance. Devant cela, les pharisiens se divisent. Certains reconnaissent l’œuvre de Dieu, « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » D’autres estiment que Jésus a violé le repos du sabbat et donc ne peut pas être homme de Dieu. Ces derniers ont-ils une conception trop étroite ? Ont-ils besoin d’avoir une conception plus laxiste du sabbat pour admettre qu’on peut prendre ses libertés avec l’interdiction de faire aucun ouvrage ? Nous ferions fausse route en regardant les choses ainsi. Jésus ne s’est jamais présenté comme un maître qui prend ses libertés par rapport à la Loi. Mais il est un maître qui lui redonne tout son sens, qui l’accomplit. Il est maître du sabbat parce qu’il en est l’auteur, pas parce qu’il accommode la loi à ses priorités personnelles.
Le pouvoir de transformer les cœurs
homélie du 7e dimanche A, 19 février 2023
{joomplu:373} Jésus nous parle de comment vivre dans un monde où des gens font le mal. Plus tard, en septembre, il nous parlera des tensions dans la communauté, mais maintenant c’est au sujet des relations difficiles que nous pouvons avoir avec n’importe qui. Ce qu’il dit nous surprend : ne pas riposter, tendre l’autre joue, n’est-ce pas minimiser le mal, en plus de se laisser piétiner ? Il ne faut pas se méprendre. Rien n’est plus contraire à Dieu que le mal. Nous ne pouvons pas laisser le mal proliférer autour de nous. Mais comment allons-nous lui faire barrage ? Là est la vraie question. Jésus propose de dénoncer le mal autrement que des réflexes purement humains nous le suggéreraient en réclamant notre dû, en intentant un procès, en proclamant partout que nous sommes victimes. J’ai l’impression que le Seigneur nous propose d’agir selon une bonté transformante, une attitude positive envers la personne mauvaise qui parvient à dissocier la personne de ses mauvais projets, afin de dénoncer le mal et en même temps reconnaître la bonté de la personne et sa capacité à changer.
Libérés d’une fausse sagesse
homélie du 5e dimanche A, 5 février 2023
{joomplu:552} Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde », nous dit le Seigneur. Et veillez à ne pas devenir fades ni invisibles ! (Mt 5,13) Comment être sel, lumière ? Nous pensons d’abord aux bonnes actions que fait l’homme de bien, l’« homme de bonne volonté », comme on entend parfois. Ce à quoi nous invite Jésus doit conduire à rendre gloire au Père. Dans notre monde, tout ce qui soulage les maux dont souffrent nos contemporains rend gloire à Dieu qui a créé l’homme et qui défend sa dignité. La première lecture (Is 58) nous a montré comment cela ouvrait un chemin de bonheur non seulement pour celui qui est secouru, mais aussi pour celui qui fait le bien. Mais, puisqu’il s’agit de rendre gloire à Dieu, cela ne serait pas suffisant si notre action n’ouvrait pas une fenêtre vers le ciel, si elle ne permettait pas à la lumière de Dieu de pénétrer les cœurs si chers de ses enfants.