Une lumière qui dérange et réjouit
homélie du 4e dimanche de carême A, 22 mars 2020
(une homélie entièrement dédiée à mes «paroissiens web», car je ne prêchais pas aujourd’hui)
{joomplu:374}Aujourd’hui, Jésus, la lumière du monde, guérit un aveugle de naissance (Jn 9). La boue dont il enduit les yeux de l’aveugle nous renvoie à la poussière à partir de laquelle Dieu crée l’humanité (Gn 2,7), à laquelle s’ajoute ce qui vient de l’humanité du Fils de Dieu lui-même, ici sa salive. Si Dieu guérit cet homme, c’est parce qu’il est le Créateur et parce qu’il s’est risqué lui-même dans le monde, il s’est fait homme tout entier. Ô Jésus, donne-nous de savoir que tu es proche de nous, que tu ne nous regarde pas de loin mais que tu as visité toute notre humanité !
Un temps de soif bienheureuse
homélie du 3e dimanche de carême, 15 mars 2020
{joomplu:154} Nous voici pris dans une sorte de carême forcé. C’est un temps de dépouillement, comme le carême, mais qui va plus loin que ce que nous étions prêts à vivre. Et si, au lieu de râler ou de nous attrister, nous choisissons volontiers ces privations en tous genre — privation de visites, de présences aimées, de loisirs, d’activités qui nous font exister —, alors notre cœur pourra grandir et se dilater.
La confiance ouvre la grande vie
homélie du 2e dimanche de carême, 8 mars 2020
{joomplu:157}À quoi se mesure la réussite de la vie ? Certains pensent qu’une vie belle est une vie où on a pu vivre plein de petits bonheurs. Cela me paraît trop court. Cela ressemble à un collier de perles où il n’y a pas de fil pour tout relier. Cela ne fait pas une vie belle, mais simplement une vie où on s’est bien occupé et qui termine en queue de poisson devant la mort. Car alors la mort est ce qui vient nous ravir ce qui faisait notre vie. Quel serait plutôt le fil qui permet de faire une belle vie. Il me semble que c’est la confiance, celle que nous avons patiemment tissée tout au long de nos choix, qui peut donner la consistance de notre vie.
Le chemin inverse du péché
homélie du 1er dimanche de carême, 1er mars 2020
{joomplu:99}Le récit du péché originel nous montre ce qu’est le péché dans sa racine. Pécher, c’est acquiescer à la tentation de ne plus voir ce que Dieu demande comme un chemin de vie mais comme ce qui empêche d’être heureux (Gn 3,5). Valider la tentation de trouver que Dieu exagère, qu’il ne faut pas faire si attention à lui. Accepter la tentation d’imaginer que Dieu est concurrent de l’homme, que nous devons entretenir une certaine distance avec lui pour ne pas être ses marionnettes, pour pouvoir être libre. Réaliser la tentation de se donner à soi-même son bonheur sans chercher comment le Créateur voudrait nous le donner (Gn 3,6). Succomber à la tentation de tester une action douteuse pour savoir si c’est bien ou mal (c’est d’ailleurs ce qu’est cet arbre de la connaissance du bien et du mal : la licence de faire le mal comme le bien, de les expérimenter tous les deux).
Dieu veut que tous les hommes soient sauvés
homélie du 7e dimanche ordinaire, 23 février 2020
Nous voilà invités à une offensive contre le mal, ni plus ni moins. Jésus, le Fils de Dieu qui est venu dans le monde pour combattre les œuvres du diable, nous invite maintenant à prendre au sérieux le fait qu’il y a des gens qui peuvent nous détester, nous faire du mal, nous compter pour rien, nous voler, etc. Tout d’abord je voudrais dissiper un malentendu : il ne s’agit pas de subir le mal qui nous est fait sans protester. Jésus ne dit pas de ne rien faire si on nous frappe la joie droite, il dit de tendre l’autre joue. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Lumière, au nom de Jésus
homélie du 5e dimanche A, 9 février 2020
{joomplu:189}Jésus nous révèle un élément inattendu de notre vocation de baptisé : nous sommes le sel de la terre, nous sommes la lumière du monde ! Notre premier réflexe sera sûrement de dire : n’exagérons pas, et d’ailleurs il y en a d’autres, et les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres, etc. Et si au contraire nous accueillions cette révélation que le Christ nous fait : nous sommes le sel de la terre, nous avons ce pouvoir de donner du goût à la vie des autres, de la rendre savoureuse pour eux-mêmes. Nous sommes la lumière du monde, qui réjouit le monde, le rassure, en chasse les ténèbres. C’est comme ça. Et n’allons pas faire les gênés et mettre la lumière sous le boisseau !
Plus rien ne me fait peur
homélie de la Chandeleur, 2 février 2020
{joomplu:162}Syméon se réjouit que le Christ apporte la lumière pour toutes les nations, mais de quelle lumière s’agit-il au juste ? Que signifie la lumière de nos cierges ? Nous ne voulons pas dire qu’enfin les jours rallongent, même si cela nous réjouit aussi. La lumière qu’apporte le Christ, l’auteur de la lettre aux Hébreux l’a magnifiquement décrite en résumant ainsi l’action du Sauveur : « Jésus, par sa mort, a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et il a rendu libres tous ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. » (He 2,14-15). Le chrétien est celui que le Christ a libéré de la peur de la mort. Pourtant, on voit beaucoup de chrétiens — c’est une peine qu’il en soit ainsi — dire : moi, la mort, je ne veux pas y penser… laissez-moi goûter l’existence dans l’insouciance… je voudrais mourir sans m’en rendre compte… pourquoi Dieu permet-il la mort ?… et tant d’autres choses du genre, qui montre qu’on est bien décidé à entrer dans la vie éternelle à reculons.
Les ténèbres reculent quand on se donne soi-même
homélie du 3e dimanche A, 26 janvier 2020
{joomplu:184}Quelles sont les ténèbres dans lesquelles nous marchons et sur lesquelles le Seigneur fait lever sa lumière ? On pourrait trouver pour chaque époque une collection de choses inquiétantes ou décourageantes qui ont assombri l’existence des gens. Jadis cela pouvait être les bruits de guerre aux frontières, la misère noire dans laquelle vivaient de nombreuses familles, l’enseignement inaccessible ou d’autres choses qui sont encore le lot de millions de personnes aujourd’hui. Les ténèbres où nous marchons en occident, c’est aujourd’hui l’instabilité des familles, l’inquiétude climatique, la maltraitance des femmes, des enfants, la pornographie, la fascination pour le luxe, etc. Plus généralement, je vois naître chez de nombreux jeunes la question : quel est le sens de la vie ? Il n’y a rien qui me donne un grand désir de me donner totalement… Tout semble relatif, un peu usé, un peu terni.
Enfant de Dieu ?
homélie du 2e dimanche ordinaire, 19 janvier 2020
{joomplu:10}Nous disons facilement que nous sommes enfants de Dieu, mais avons-nous déjà bien réfléchi à ce que nous disons ? En effet, c’est plutôt étonnant d’être les enfants de Dieu.
1) Lorsqu’on est enfant de ses parents, on est un représentant de l’espèce humaine qui descend d’autres représentants de l’espèce humaine. Et même lorsque des parents adoptent un enfant comme leur enfant, il s’agit toujours bien d’un autre être humain comme eux. On entend parfois dire qu’une famille a adopté un petit chien, mais il reste un petit chien et ça serait déplacé de le traiter comme l’enfant de la famille — il paraît même que quelques personnes fortunées lèguent leurs biens à leur animal de compagnie, mais cela frise la folie. Quoi qu’il en soit, comment pouvons-nous être enfants de Dieu alors que nous ne sommes pas de son espèce — serions-nous comme le petit chien adopté par la famille ?
2) Pour une autre raison encore c’est surprenant d’être enfant de Dieu : parce que nous l’aimons tellement moins qu’il nous aime, et parfois même nous ne l’écoutons pas, nous faisons le contraire de ce qu’il nous demande. Comment Dieu aurait-il envie de faire de nous ses enfants ?
Redevenir comme un enfant
homélie de Noël 2019
{joomplu:524}« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9,1), avons-nous entendu. Ce peuple c’est nous. Et dans quelles ténèbres devons-nous marcher ? Il y a tout ce qui nous inquiète dans le monde — chaque époque a son lot d’inquiétudes, et pour nous c’est notamment le réchauffement climatique, la difficulté de trouver un emploi ou de le garder, ou la perte du sens de la valeur de la vie. Mais en plus de ces ténèbres du monde, il y a les ténèbres en nous aussi : tout ce qui assombrit notre cœur, nos pensée, à commencer par notre orgueil, quand nous nous mettons à prendre les gens de haut, ou quand nous sommes très blessés par une remarque qui nous est faite. Il y a aussi notre égoïsme, qui nous fait ne penser qu’à nous, qui nous replie sur nous-mêmes et nous fait considérer que ça ne va pas si mal tant que notre confort est assuré, mais qui finalement nous laisse avec un goût d’insatisfaction, de vide et de solitude.
Le prix de la joie
homélie du 3e dimanche de l’Avent A, 15 décembre 2019
{joomplu:550}En Syrie, on vient de restaurer et reconsacrer la cathédrale arménienne catholique d’Alep, qui comme les églises d’autres confessions chrétiennes avait été endommagée par différents attentats et échanges de tir d’artillerie. Il n’y a plus que 5000 fidèles de cette Église sur les 18000 que comptait la ville, et ceux qui sont restés doivent vivre cette réouverture avec la même allégresse que celle à laquelle invite le prophète Isaïe : « le pays aride, qu’il exulte et crie de joie !… On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu ! » (Is 35, 2-4) Pour ceux qui sont partis d’Alep, c’est sans doute émouvant aussi, mais c’est loin maintenant. Pour d’autres encore, c’est anecdotique ou insignifiant. Vous ne l’avez sans doute pas su.