Notre liberté devant les deux chemins
homélie du 6e dimanche C, 13 février 2022
{joomplu:150} L’Écriture aujourd’hui nous met devant la liberté que Dieu nous a donnée en nous créant à son image. Nous voyons tant d’attitudes diverses autour de nous, tant de façons de vivre, tant de réalisations différentes, qui nous réjouissent ou nous attristent. À la base de cela, il y a tout ce qui est de l’ordre des attirances, des désirs, qui nous suggère intérieurement de faire ceci ou de rechercher cela ; ces désirs en nous vont dans tous les sens, tantôt bons, tantôt mauvais ; nous verrons très bientôt en quoi on peut parler d’un sens bon ou mauvais. Ce domaine des désirs n’est pas proprement humain. Les animaux ont aussi des désirs. Ce qui est le propre de l’homme est de pouvoir prendre distance par rapport à ces désirs et décider de faire ceci ou cela, dans le sens de ses désirs ou dans le sens contraire. Nous possédons la liberté, nous ne sommes pas le jouet de nos passions (bien des gens présentent le fait de succomber à ses passions comme la manifestation de notre liberté, mais en réalité c’est l’inverse : c’est la capitulation de la liberté, sa soumission à ce qui monte spontanément en nous). Bref, nous possédons la liberté, par laquelle nous nous dirigeons en suivant tel désir plutôt que tel autre.
Jésus compte sur son Église
homélie du 5e dimanche C, 6 février 2022
{joomplu:142} S’il y a un Dieu qui vient dans le monde, a-t-il besoin de nous ? Il va gérer, il est fort ; son royaume sera visible, parce qu’il n’y aura plus de mal, plus de haine, plus de maladies… C’est ainsi que nous raisonnons. Et voilà qu’ici dans cette église nous annonçons tout autre chose : les évangélistes, les apôtres disent que Dieu est venu dans le monde, mais son royaume n’est pas directement visible par tous, au point que beaucoup de gens disent : où est Dieu ? Je ne crois pas qu’il existe puisque je ne le vois pas… Prenons un peu de temps pour découvrir la tactique de Dieu, afin de comprendre pourquoi Dieu est venu dans le monde bien que beaucoup peuvent penser que ce n’est pas arrivé.
La mission prophétique aujourd’hui
homélie du 4e dimanche C, 30 janvier 2022
{joomplu:183} Jésus n’est pas accueilli pour qui il est à Nazareth. Les gens de Nazareth sont fermés. Ils n’imaginent pas que Jésus soit plus que le gars du village qu’on a toujours connu. C’est une tentation qui existe aussi dans l’Église. Prendre Jésus pour un gars bien, un sage, l’inspirateur d’un mode de vie sympathique, mais pas plus. Pas le bien-aimé de nos cœurs, pas le Sauveur, pas celui après qui nous courrons comme les gens de Palestine courraient derrière lui. Faut quand même pas exagérer ! Et qu’est-ce que les autres vont penser de nous si nous sommes toujours à l’église, si nous disons en public que nous prions, si nous nous montrons attachés de tout notre cœur au Seigneur plus qu’à nulle autre personne, et que le temps passé à chercher le cœur de Dieu est plus important que tous les autres loisirs et occupations utiles ? Même entre chrétiens ce n’est pas facile de prendre publiquement Jésus au sérieux.
Une alliance d’amour
homélie du 2e dimanche C, 16 janvier 2022
{joomplu:99} En ces lendemains de Noël, alors que nous assistons au début de la vie publique de Jésus, nous voilà au bon moment pour nous demander ce que la foi chrétienne change à la vie humaine. Qu’est-ce que Jésus le Fils de Dieu est venu apporter de si neuf ? Si je voulais donner une direction générale à mon propos, je dirais qu’il offre un rapport nouveau avec l’Être supérieur que l’on appelle Dieu.
Devenir fils
homélie du baptême du Seigneur, Igny, 9 janvier 2021
{joomplu:523} Le prophète Isaïe suscite l’espérance d’une grande consolation qui viendrait d’en-haut, l’espérance de ce genre de consolation dont nous sentons bien le besoin aujourd’hui encore. De loin, Isaïe annonce la joie d’une intimité retrouvée avec Dieu — en effet, il ne sera plus question de nos fautes, dit-il, plus question de ces obstacles que nous avons mis nous-mêmes entre le cœur de Dieu et le nôtre. Cette intimité espérée, c’est Dieu qui la rétablira : « voici votre Dieu ! », demande-t-il d’annoncer (Is 40,9). Et il se présente comme un berger qui porte les agneaux sur son cœur. Nous qui avons le cœur tout abîmé par les confinements, les peurs et les décisions qu’elles motivent parfois, cela nous parle bien, cette annonce de Dieu qui vient à nous, qui nous tend son cœur, qui veut nous porter sur son cœur. Mais aussitôt nous demandons : quand ? Quand cela aura-t-il lieu ? Comment cela se fera-t-il ?
La famille, chance pour la société de demain
homélie pour la fête de la Sainte-Famille 2021
{joomplu:375} Aujourd’hui l’Écriture nous montre l’importance sociale et historique de quelques familles qui se confient à Dieu. Il y a d’abord la famille d’Elcana et de ses deux épouses, Peninna et Anne. Avec Peninna, Elcana a de nombreux enfants, mais avec Anne aucun. Cette grande épreuve pour Anne la conduit à prier Dieu avec persévérance, et finalement naît un petit gars qui s’avérera être le grand prophète Samuel. La famille d’Elcana et Anne est bien consciente qu’on ne produit pas soi-même le don de la vie, comme on s’est mis à le faire de nos jours. Bien sûr, la vie humaine est toujours digne, quelles que soient ses origines. Mais Elcana et Anne apprennent la grandeur de s’ouvrir à Dieu et de compter sur lui et, finalement, de pouvoir lui consacrer leur enfant qui depuis toujours n’est pas leur enfant mais qui appartient à Dieu. C’est ainsi qu’il faudrait regarder tout enfant, et même évaluer tout projet d’enfant. Ah, quel bonheur pour les enfants d’aujourd’hui si on les regardait comme appartenant à Dieu ! Ils ne risqueraient plus de devenir des enfants-rois ni des enfants au service de nos désirs d’adultes. Ils apprendraient à être des fils de Dieu.
La visite de Dieu
homélie du 4e dimanche de l’Avent, 19 décembre 2021
{joomplu:155} Marie et Élisabeth font partie de ces personnes au cœur humble qui comptaient sur l’action de Dieu — elles pensaient que Dieu agit vraiment — et elles espéraient voir une intervention décisive de la part de Dieu. Il y avait eu la promesse de plusieurs prophètes : Isaïe, Michée, Daniel, les psaumes eux-mêmes qui parlaient d’un temps où la désolation laisserait place à la consolation, un temps où la bonté de Dieu et sa puissance seraient manifestes. Marie et Élisabeth attendaient cela.
Accueillir la joie
homélie du 3e dimanche de l’Avent C, 12 décembre 2021
{joomplu:38} La joie est le bien le plus précieux de notre cœur. Si nous pouvons dire « je suis dans la joie », que demander de plus ? Mais qu’est-ce que la joie ? Nous pouvons être dans la joie quand nous réussissons quelque chose. C’est très agréable. Mais c’est une joie fragile. Ne la boudons pas quand elle arrive, mais n’y mettons pas notre cœur, sinon nous serions emportés par les revers et les contrariétés. Il en va de même de la joie que nous éprouvons quand nous obtenons quelque chose de très désiré. C’est bien, mais ce serait mieux que même dans le manque nous soyons dans la joie.
Certains courants philosophiques ou religieux nous invitent à trouver du contentement dans la réduction de nos attentes par rapport à la vie, aux autres, à nous-mêmes. N’ayant plus tellement d’attentes, nous n’éprouvons plus tellement de souffrance, puisque plus rien ne nous déçoit. Et ainsi nous trouvons une certaine paix. Mais cette tranquillité intérieure n’est plus la joie.
Une vie grande
homélie du 32e dimanche B, 7 novembre 2021
{joomplu:154} Comment cette pauvre veuve a-t-elle osé mettre tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre, dans le trésor du temple ? Je suis édifié par cette confiance totale en Dieu. Car il me semble que c’est comme si elle disait : je donne tout ce que j’ai pour le Seigneur et lui se chargera de moi. Jésus avait fustigé l’attitude des pharisiens, qui cherchent à donner une image honorable, mais en réalité dévorent les biens des veuves. Ces gens montrent que l’amour de l’argent conduit à des comportements incroyablement mauvais. Leur vie est le témoignage du pouvoir asservissant de l’argent, qui pousse ceux qui le cherchent à l’adorer et le servir comme un dieu. Ces riches sont esclaves alors qu’ils pensent avoir réussi. Il y en a tant aujourd’hui qui le sont ou qui désirent être ainsi.
Les saints du paradis et les âmes du purgatoire
homélie de la Toussaint 2021
{joomplu:93} Prenons un peu de temps pour imaginer le bonheur du paradis. Quand on part en voyage, on se renseigne sur la destination, pour bien se préparer et ne pas manquer de l’essentiel. Qu’est-ce que nous ferions sans crème solaire au Maroc ou sans gros pull en Laponie ? C’est étrange que pour le voyage le plus important de notre vie, la plupart des gens se disent : on verra bien ! Vous me répondrez : comment peut-on savoir ce que sera le paradis ? Personne n’en est revenu pour en écrire un guide ? Est-ce si sûr, lorsque Jésus dit « si vous ne croyez pas quand je vous dis les choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous dirai les choses du ciel ? » (Jn 3,12). Lui, il les connaît. Lui, le seul, il vient d’auprès de Dieu.
Solidaires de ceux qui ne voient pas encore
homélie du 30e dimanche B, 24 octobre 2021
{joomplu:204} Pensez-vous parfois à la joie de Dieu de venir en aide à celui qui crie vers lui, à la joie du ciel quand quelqu’un ouvre son cœur à la grâce ? Quand nous vivons dans la morosité ou que le monde autour de nous nous paraît sombre, c’est bon de regarder la réalité sous cet angle : Dieu se réjouit de conduire l’aveugle, le boiteux, tous ceux qui sont fragiles, par un chemin où ils ne tomberont pas (Jr 31,9). Avec cette joie de Dieu comme lunettes, nous pourrons regarder les faits les plus inquiétants de notre monde sans nous décourager. Et c’est vrai qu’en matière de faits inquiétants, nous sommes servis. Prenez ce que nous avons appris ce lundi : qu’une émission de télé-réalité va mettre en scène des gens qui veulent se « fabriquer » un enfant en dehors d’une relation conjugale, un enfant qui fera l’objet d’un contrat entre des personnes qui s’imaginent être leur parent à temps partiel. J’utilise le terme fabriquer à dessein, car ici nous sortons complètement du cadre de l’enfant comme don, pour entrer dans celui de l’enfant comme objet de consommation, un peu comme si on créait une association pour acheter un château ou une vigne. Heureusement il y a quelques personnes pour dire que cela ne va pas, mais aussi plein d’autres pour argumenter que cela se fait déjà, que c’est juste mettre en avant une nouvelle conception possible. Ah, quel aveuglement sur la dignité humaine, lorsque l’enfant devient une production pour réaliser un désir d’adulte ! Comment en est-on arrivé là ? Par petites touches, à partir de techniques médicales pour aider les couples stériles, en apparence bonnes parce qu’utiles aux éprouvés, puis nous en sommes arrivés à utiliser cette procréation médicale aussi pour ceux qui ne souffraient pas d’infertilité mais désiraient simplement l’impossible. Et maintenant nous en sommes à l’enfant-contrat, avant sans doute d’autres dérives. C’est le processus d’un aveuglement progressif. Quand l’Église a dit que le bébé-éprouvette nous mettait sur une pente dangereuse, on lui a répondu qu’elle exagérait. On l’a fait il y a longtemps aussi au sujet de la contraception, envers laquelle l’Église émettait beaucoup de réserves alors qu’elle était censée résoudre tous les problèmes de couples… Et maintenant on voit que la domination de la femme par l’homme semble ne plus avoir de limite, comme en témoigne abondamment l’actualité.