Tu viens à moi par des chemins inattendus
homélie du 3ème dimanche de carême, Lc 13,1-9
Les contemporains de Jésus avaient tendance à croire que le bonheur et le malheur sont des choses qui se méritent. De nos jours encore, nous trouvons assez rassurant de penser que si quelqu’un connaît le malheur c’est que pour une part il l’a voulu ou en est responsable. Et cette idée se renforce en considérant qu’il y a vraiment moyen de faire par soi-même son malheur.
Pourtant les événements heureux ou malheureux de nos vies ne sont pas des récompenses ou des punitions du ciel. Jésus insiste sur ce thème : « Pensez-vous que ces Galiléens [massacrés] étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien non, je vous le dis ! » Et les dix-huit victime de l’effondrement de la tour de Siloé non plus. Que ce soit la maladie, le licenciement, les catastrophes naturelles, rien n’est envoyé du ciel pour nous punir. Et même, il faut aller plus loin : bien souvent rien ne relève en cela de notre faute.
Dieu est bon !
7 Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte. 8 Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s’ouvrira.
9Lequel d’entre vous donnerait une pierre à son fils qui lui demande du pain ? 10 ou un serpent, quand il lui demande un poisson ? 11 Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! (Mt 7)
Nous sommes souvent embarrassés par ces affirmations car nous avons tous dans la mémoire le goût d’une demande qui nous paraissait vraiment juste et qui ne nous a pas paru exaucée. Une fois passée la colère contre Dieu, nous nous raisonnons souvent par des « c’est que ce n’était pas vraiment bon » ou, cerise sur le gâteau, « Dieu l’a permis... » pour toutes sortes de raisons, spécialement celle qu’il entreverrait davantage de bien dans ce drame qui vient de se passer.
Franchement, il faut bien le dire, nous devenons abominables quand nous parlons ainsi, et
le sens du carême
Qu’est-ce que le carême ? C’est le temps de préparation à Pâques, pendant 40 jours, comme le Christ a passé 40 jours au désert au début de sa mission. Nous nous préparons à Pâques, à la victoire de Dieu sur le mal, à l’œuvre que le Christ accomplit pour nous par sa mort et sa résurrection. Nous voulons nous préparer à cette victoire du Christ en nous y exposant, en nous y rendant plus sensible. Le carême est le temps où nous développons notre réceptivité à ce que Dieu fait et à son message, à sa Parole. C’est un temps de conversion, c’est-à-dire de changement.
« Heureux, vous les pauvres ! » Ne soyons pas conduits par la peur
C’est si étrange de dire à ceux qui sont pauvres ou qui ont faim ou qui pleurent ou qui sont rejetés : heureux êtes-vous ! Cela nous désoriente complètement. Tout être humain cherche le bonheur, et dans sa recherche de bonheur il va spontanément se protéger contre ces situations de dépendance et de détresse que sont la pauvreté, la faim, la souffrance, le repoussement. Dans notre monde occidental, cette fuite bien compréhensible de la pauvreté et de la souffrance conduit à tant d’excès et de comportements choquants pour le reste de la planète. Il y a aujourd’hui plus de formules d’assurances que Séraphin Lampion n’aurait pu en imaginer.
baptême du Seigneur, homélie dialoguée
Qui se souvient de sa date de naissance ? Et de sa date de baptême ? Pourtant, c’est un événement si grand, celui sur lequel repose toute notre vie chrétienne — et notre vie chrétienne ce n’est pas un petit côté de notre vie que nous sortons à l’occasion, c’est toute notre vie. Le baptême change tout, au point que saint Paul dit à son ami Tite que Dieu, « par le bain du baptême, nous a fait renaître. » (Tite 3,5)
Mais qu’est-ce que cela veut dire — pour nous — renaître ?
Au-delà du permis et du défendu...
Depuis que Monseigneur Léonard a été nommé archevêque de Malines-Bruxelles il est abondamment interviewé dans la presse. Et les questions qui lui étaient souvent posées me faisaient penser à cet évangile entendu à la messe de ce mardi.
Dieu au cœur de la vie
(homélie de la Sainte Famille 2009)
Dieu nous visite au cœur de la vie de tous les jours, des événements plus ou moins simples de nos existences, et spécialement dans cette vocation répandue de la famille. Voici un échantillon à travers les lectures d’aujourd’hui, au sujet des enfants et de la vie de couple. A travers le couple d’Elqana et Anne, qui ne peut pas avoir d’enfant, nous voyons le Seigneur s’approcher de cette détresse toujours très éprouvante. Et nous le voyons leur donner une fécondité particulière, ici symbolisée par cet enfant reçu et présenté aussitôt au Seigneur. Il n’y a pas qu’une seule fécondité, et Dieu nous invite à prendre distance par rapport à la fécondité dont nous aurions rêvé, dont on rêve pour nous dans le monde, pour accueillir celle qui est la nôtre.
Une espérance qui change ma vie pour le monde
(homélie de la messe de minuit)
Aujourd’hui je suis frappé par le fait que ce sont les bergers qui sont disponibles pour accueillir le Fils de Dieu lorsqu’il vient dans le monde.
Trente ans plus tard, Jésus racontera une parabole où des gens sont invités au festin du Royaume mais ils sont trop occupés pour y aller, ils doivent aller voir leur champ, essayer leurs bœufs, et ainsi de suite. Cette histoire a déjà commencé à la crèche de Bethléem, où l’ange est trop heureux de rencontrer des bergers pour leur annoncer une grande joie, à laquelle les bergers veulent aussitôt participer, sans dire : écoute, nous sommes occupés, nous avons des affaires à régler, nous viendrons plus tard.
un Esprit de déclic...
(4ème dimanche de l'Avent)
Le prophète Michée annonçait la venue d’un berger pour Israël, qui serait lui-même la paix, mais il l’annonce au terme d’ « un temps de délaissement » (Mich 5,2). C’est une constante dans les annonces du Sauveur qu’il y aura d’abord un temps d’épreuve, à travers lequel un petit reste subistera (Soph 3,13). Dans notre vie de croyant nous vivons ce genre d’épreuve de délaissement, où nous estimons que le Seigneur nous a abandonnés alors qu’il est en train de s’approcher de nous en nous façonnant un cœur de pauvre capable de tressaillir de joie à sa venue.
Quand Dieu nous déconcerte...
(homélie de la messe des étudiants)
Que nous soyons croyants depuis longtemps ou fraîchement venus au Seigneur, il nous arrive de nous demander : mais finalement, qui est Dieu pour que je me fie ainsi à lui ? Ou bien : Dieu est-il assez fiable et est-ce que je le connais assez pour lui donner ma confiance et le droit de me guider ?
Alors les lectures d’aujourd’hui nous font du bien. Dans l’évangile, nous voyons Jean-Baptiste aux prises avec des questions semblables. Il devait s’attendre à une venue plutôt fracassante du règne de Dieu, et il voit Jésus agir avec douceur et persuasion plus qu’avec une force qui contraint. Alors, Jésus est-il celui qui doit venir, ou faut-il en attendre un autre, quelqu’un qui agirait autrement, qui manifesterait plus clairement le règne de Dieu ?
L'espérance nous est donnée
(homélie du 1er dimanche de l'Avent)
Les paroles de Jésus évoquant son retour sur terre sont surprenantes. En parlant des puissances des cieux ébranlées, des nations affolées et des hommes qui mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde (Lc 21,26), elles pourraient nous inquiéter. Pourtant ces paroles sont des paroles de bonheur, ou plus précisément : d’espérance. Elles viennent nous dire jusqu’où va le salut. Même si le monde est dans un si mauvais état que les cieux eux-mêmes sont ébranlés, que le soleil s’altère, que les éléments se déchaînent au point qu’il n’y a plus d’avenir humain possible, même si la situation est aussi désespérée nous pouvons nous redresser et relever la tête (v.28)