demander comme un amoureux
Qui de nous n’a jamais demandé à Dieu quelque chose sans l’obtenir ? Parfois c’était pourtant des choses si importantes, si justes, si conformes au désir de vie et de bonheur que Dieu met lui-même en nous. Autour de nous des gens ont demandé de belles choses à Dieu et n’ont rien reçu, et en ont conçu au fond d’eux-mêmes une grande amertume envers Dieu et envers la vie. Il est arrivé que nous ayons demandé à Dieu d’intervenir pour changer le cours naturel des choses, en matière de maladies ou de catastrophes par exemple. Et nous comptions sur le fait que, {joomplu:158}puisque Dieu est tout puissant, il est sûrement une sorte de super-magicien qui peut changer le cours des choses à sa guise. Et pourtant, les réponses à notre prière, dans ce domaine, sont rares, bien trop rare à notre goût, comme si Dieu ne voulait pas que nous ayons ce genre de rapport avec lui, comme si ce n’était qu’exceptionnellement qu’il intervenait dans le cours naturel des choses, de la vie et de la mort, de la physique et de la chimie. Des théologiens et des philosophes en ont même tiré la conclusion que les miracles sont des vues de l’esprit, que Dieu n’agit pas dans le monde, que c’est bon pour les charismatiques “borderline” de demander à Dieu d’intervenir dans nos vies.
le christianisme en public, faut oser...
Nous commençons l’année en entendant que Jésus convoque ses disciples pour les envoyer aux autres personnes des environs (Lc 9,1-6). Voilà un début d’année en fanfare, car nous pressentons bien qu’aujourd’hui encore Jésus nous convoque pour nous envoyer. Nous ne sommes pas 12, mais beaucoup plus. Nous n’allons sans doute pas passer de village en village, mais nous découvrons cette particularité de la foi chrétienne, qui nous interpelle : la foi chrétienne est quelque chose qui s’annonce, qui se dit aux autres.
Est-ce qu’aux apôtres les gens ont répondu : ne parlons pas de cela, la foi, vous le savez bien, est une affaire privée. Chacun sa religion, et changeons de sujet... (pour la forme polie de la réponse...) ? En tous cas, pour nous aujourd’hui, l’idée que notre foi est quelque chose qui doit être rendu public en rend plus d’un mal à l’aise, si pas franchement hostile.
Le réalisme chrétien, pour un bonheur divin
homélie du 5 septembre 2010, 23°dimanche de l’année C
{joomplu:150}Aujourd’hui le Seigneur nous propose deux thèmes particulièrement alléchants : la souffrance et le renoncement ! « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14,27) « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » (v.33)
On se demandera : faut-il souffrir pour être chrétien ? Sûrement pas, et depuis toujours les chrétiens ont excellé à soulager la souffrance. L’histoire de l’Église est riche de leur investissement en faveur de ceux qui souffrent. Depuis 2000 ans nous avons soigné les malades, fondé des hôpitaux, accueilli les orphelins, lutté avec les pauvres ; et l’Église catholique est la plus grande organisation d’aide dans le monde.
Lynchons les pécheurs !
Jésus guérit les malades, il n’est pas venu condamner les pécheurs mais leur ouvrir le chemin du salut. Il relève aujourd’hui la belle-mère de Pierre (Lc 4,38) ; plus tard il relèvera la femme adultère, au grand scandale de ceux qui se croient purs. Il accueillera aussi un magouilleur parmi ses disciples, et toujours il sera obsédé par l’avenir des pécheurs, par leur restauration dans leur dignité.
Ce n’est pas comme ça qu’on réfléchit avec les pécheurs dans notre société. Ceux qui sont de graves pécheurs doivent payer, et c’est la seule chose qu’on leur souhaite ; qu’ils soient rejetés à la mesure du mal qu’ils ont fait, ainsi que ceux qui les ont traités avec humanité.
Assomption 2010 – le vrai combat avec Marie
{joomplu:102}L’assomption de Marie nous aide à saisir la place qu’elle peut prendre dans nos vies. C’est une place souvent discutée : ne lui donne-t-on pas trop de place par rapport à Dieu, par rapport à son Fils ? N’est-ce pas déplacé de prier Marie ? Je n’ai pas l’impression qu’on puisse réfléchir à la question sans considérer le temps où nous vivons. Et ce temps est difficile, il rend nécessaire de prier Marie. Certains penseront que je suis un prêtre marial, parce que je vais à Lourdes tous les ans, ou parce que je vous en parle maintenant. Et pourtant je n’ai pas de goût particulier pour la prière mariale, et je l’ai trouvée longtemps superflue. Mais je suis un physicien, un homme pour qui l’expérience compte. Et je dois me rendre à l’évidence : bien prier Marie est une source de consolation et de paix ; bien prier Marie garde le cœur plus ferme dans les tentations ; bien prier Marie est une vraie arme de combat dans les difficultés spéciales de notre époque.
Marthe et Marie: pourquoi je sers?
16ème dimanche, le 18 juillet 2010
{joomplu:100}Si Marthe avait fait comme Marie, Jésus aurait dû manger des tartines, et encore, dans le meilleur des cas, s’il y avait de quoi au frigo... C’est sans doute parce que tout le monde ne pourrait pas faire comme Marie si on veut quelque chose à manger que les chrétiens ont pris l’habitude de se ranger en deux groupes : les Marthes et les Maries. Pourtant, Jésus ne dit pas que l’attitude de Marthe et celle de Marie sont équivalentes, qu’on peut choisir celle qu’on veut. Il dit bien que Marie a choisi une meilleure part que Marthe, et qu’il ne donnera pas raison à Marthe qui veut houspiller sa sœur.
«Je suis venu accomplir la Loi»
homélie de la messe des étudiants du 9 juin 2010, sur Matthieu 5,17-20
Jésus a un enseignement bouleversant, révolutionnaire. Dans quelle ligne s’inscrit-il ? Va-t-il prôner une nouvelle religion, en complète rupture avec la foi juive ? Vient-il abolir la Loi, les prophètes, c’est-à-dire, non les règles, mais la façon de s’attacher à Dieu, de compter avec lui dans la vie quotidienne, que la méditation de la « Loi du Seigneur » avait distillée dans le peuple hébreu tout au long de son histoire ?
Bientôt il va dire : vous avez appris qu’il a été dit... eh bien moi je vous dit... (Mt 5,21ss) Est-il donc venu changer le chemin que Dieu a proposé à son peuple ? Ou plus fort encore, est-il venu fonder une religion « horizontale », basée uniquement sur la solidarité et le partage ? Certains de ses propos le laissent croire. D’ailleurs, c’est ainsi que beaucoup de gens ont interprété l’évangile par la suite : simplement comme une règle de vie entre les hommes. Tout ce qui avait trait à la relation avec Dieu relevait alors de la mythologie surajoutée par l’Église, un élément facultatif.
Le Christ se donne à aimer
homélie de la fête du Saint-Sacrement
En multipliant les pains, Jésus nourrit toute une foule, il répond au besoin de tous ces gens. Assez vite par la suite il va essayer de leur faire comprendre que la nourriture c’est lui-même ; on le voit clairement dans l’évangile selon saint Jean, où Jésus dira : « je suis le pain de la vie » (Jn 6,35). Oui, ce qui répond à notre besoin profond, c’est que Jésus lui-même se donne à manger.
Jésus se donne à manger, mais plus encore il se donne à aimer. C’est bien de le manger avec la bouche, mais il faut surtout le manger avec le cœur. Car l’eucharistie, c’est le mémorial de la passion, et à nouveau aujourd’hui Jésus s’offre au Père par amour et se donne à nous par amour.
vivre en disciples de l'Envoyé
homélie de l’Ascension
{joomplu:97}La fête d’aujourd’hui a un aspect douloureux à première vue : nous fêtons le départ du Christ vers le Père et donc aussi son absence parmi nous. Et si on nous dit : montrez-nous votre Christ en qui vous croyez. Nous devons bien répondre : il est venu du Père et il est retourné à lui ! A première vue nous avons l’air un peu bête de ne pas pouvoir fournir davantage de preuves, mais au fond il y a une réelle bonne nouvelle. Nous commençons à le pressentir lorsque nous voyons les apôtres rentrer à Jérusalem « remplis de joie » alors que Jésus vient de les bénir et les quitter (Lc 24,51).
L’ascension est un événement très cohérent avec l’identité du Christ, son mystère. Car Jésus, bien que vrai homme, n’est pas seulement un grand prophète, un réformateur audacieux, un sage exceptionnel ou un humaniste inspiré. Il est l’Envoyé qui vient du Père, comme nous le fêtons à l’Annonciation, et qui retourne à lui. Il est celui qui nous dit les paroles de son Père tout au long de sa vie, celui qui vient rendre à nouveau possible le lien des hommes avec son Père par sa passion, celui qui se laisse glorifier par son Père dans sa résurrection, et qui maintenant retourne à lui pour partager sa gloire.
le contraire de la foi, c'est le «une fois pour toutes»
Encore une homélie sur la foi : messe des étudiants, 21 avril 2010, sur Jn 6
{joomplu:47}Jésus se trouve devant des gens qui ont vu un signe extraordinaire : il a nourri une foule de 5000 hommes avec 5 pains et 2 poissons. Ils ont vu un signe, mais ne croient pas (Jn 6,36). L’insistance sur la non foi nous touche : même eux qui voyaient ne croyaient pas toujours ! Aujourd’hui, dans le monde, c’est difficile de croire, et tout ce qui se passe dans l’Église n’arrange rien. Mais en ce temps-là déjà Jésus a montré plein de signes et on ne croyait pas.
Les signes n’emportent pas la décision à eux seuls. Cela donne un défi à l’homme, à sa liberté sollicitée pour se décider. C’est là que le Père intervient : la foi n’est pas d’abord mon propre choix de Dieu, mais il y a un don de la foi : « ceux que le Père me donne », dit Jésus (v.37). Qui le Père donne-t-il ? En grec c’est un pluriel neutre, invitation à ne pas distinguer telle personne de telle personne. Le Père donne tous ceux qui veulent bien... Celui qui vient à lui, Jésus « ne va pas le jeter dehors ». La foi s’obtient en la demandant, en acceptant de demander au Père.
les prêtres scandaleux
Scandaleux, cela veut dire étymologiquement : qui fait tomber. Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Les agissements de certains prêtres ont fait tomber des enfants ou des jeunes, et maintenant ils fatiguent aussi notre marche au milieu de ce monde.
Les billets relatifs à ces affaires, écrits souvent sur un coup de sang, avaient pris trop de place sur la page d’accueil, je les regroupe ici, du plus récent au plus ancien.
septembre 2010
Ce que l’on découvre sur les agissements pédophiles de confrères m’indigne et m'écœure. Et dire qu’ils vivaient dans un monde où certains luttaient pour que tout cela soit permis, certains qui ont encore le vent en poupe maintenant1. Je me demande quand-même quand on va parler des autres institutions. Le rapport de la commission de l’Église mentionne dans un passage jamais cité : “La Commission a également reçu des lettres de victimes d’abus sexuel par un psychiatre ou un thérapeute, qui se plaignaient de ne savoir à qui adresser leur plainte alors que les faits dataient déjà de 20 à 30 ans. D’autres encore faisaient mention d’abus passés sous silence dans l’armée, dans le sport de haut niveau ou encore de victimes de faits similaires dans une entreprise et qui ne souhaitaient pas se mettre en rapport avec la personne de référence interne pour harcèlement sexuel, car elles estimaient qu’il s’agissait du même nid.”
Le célibat : Ça y est, les adversaires du célibat du prêtre sont de nouveau de sortie. Gabriel Ringlet prétend même que le célibat est occasion d’immaturité sexuelle. Hum, ne confondons pas l’œuf et la poule ! L’immaturité sexuelle peut conduire à choisir le célibat, mais le célibat quant à lui fait grandir dans la maturité sexuelle et la maîtrise des pulsions narcissiques. Et que dire de l’immaturité affective qui pousse des prêtres à faire cavalier seul pour plaire au plus grand nombre en prenant leurs distances par rapport à l’institution qui les a fait naître ? C’est une immaturité qui se manifeste en temps de crise. Ah, que de donneurs de leçons ! Notre Église regorge de sages qui ont peur d’être fous aux yeux du monde. Eh, réveillez-vous, les amis ! Sortez de votre torpeur !
Le cardinal : le cardinal Danneels est vivement attaqué. Voici ce que je pense de la guerre des bien-pensants contre lui. Et ce qu’il en dit lui-même. Tout ça, c'était avant son mea-culpa mais je n'en changerai pas une ligne.
Et puis il y a le commentaire de Natalia Trouiller sur l’opération Calice, ainsi que celui de Koztoujours. Toujours un autre ton...
avril-mai 2010
J’apprécie beaucoup ces articles publiés sur les blogs de Natalia Trouiller et Koztoujours, notamment
- Frédéric Lenoir accuse les prêtres, sans chiffres évidemment... En voici
- Vous n'aurez pas la peau de Benoît XVI
Puisque le Cardinal Bertone va faire des vagues, puisqu'il semble qu’il faut être tellement plus prudent quand on évoque l’homosexualité que le célibat des prêtres, voici plutôt des chiffres : aux États-Unis, pour la période de 1950 à 2002, 80% des victimes de prêtres pédophiles étaient des garçons, dont les 3/4 étaient déjà entrés dans la puberté. (source ici point 4.3, ici et ici) Il y a une bonne discussion dans “tous les prêtres sont pédophiles”.
Au milieu de tout ce qui est dit sur les crimes des prêtres pédophiles, la lettre du pape Benoît XVI est d’un ton vraiment digne du Christ. Alors je vous la livre. Après ce week-end des Rameaux je suis assez d’accord avec le cardinal Kasper qui dit « Ces derniers jours, non seulement le pape, mais toute l’Église et ainsi chaque fidèle, c’est-à-dire chacun de nous, a été frontalement attaqué et dénoncé par quelque médias influents qui outrepasse toute loyauté et toute vérité ».
1 Je pense à Daniel Cohn Bendit et son Grand Bazar, aux publications pro-pédophiles du journal Libération, au tourisme sexuel de responsables politiques connus... Cela donne conscience d'un climat plutôt glauque dans lequel se sont déroulés la majeure partie des faits coupables de dizaines de prêtres belges.