En voilà des exigences!
homélie du 6ème dimanche A sur Mt 5,17-37 ; 13 février 2011
Pourquoi Jésus parle-t-il ainsi ? Nous savons qu’il est venu inaugurer le Royaume d’amour et de paix, qu’il est venu pour que nous ayons la vie, la vie en surabondance. Alors, pourquoi nous assène-t-il toutes ces règles ? Pourquoi tous ces commandements dont il n’y a personne ici qui peut se dire : cool, je fais ce que dit Jésus. Pour les uns, c’est la colère qui les met en défaut, ou les dissensions avec quelqu’un, pour d’autres des entorses à la parole droite, pour d’autres encore l’infidélité dans le mariage, et enfin pour près de la moitié d’entre nous certains regards sur les femmes dans la rue...
Qui est Jésus et qu'est-ce qui l'anime?
Homélie du baptême du Seigneur 2011
{joomplu:166}Qui est le Christ que nous voulons suivre tandis que d’autres suivent Mahomet ou Bouddha, et que beaucoup plus d’autres encore autour de nous considèrent que Dieu est vraiment une affaire trop compliquée ou trop abstraire et qu’il sera assez tôt sur son lit de mort pour y penser, si du moins il en reste encore la force ?
Qui est le Christ ? Voici une des questions que l’épisode du baptême de Jésus veut aborder. A Noël nous apprenions par les bergers que celui qui était né serait un sauveur ; les mages sont venus le saluer comme roi et lui ont apporté l’encens des dieux, avec la myrrhe des défunts. Aujourd’hui Jésus vient au baptême de Jean, ce baptême dont nous avons fait connaissance au temps de l’Avent, dont Jean lui-même dit :
Dieu vient sans demander la permission
Homélie de Noël 2010
Voilà que l’enfant Jésus est né. Cet enfant que les anges annoncent aux bergers comme le sauveur et que saint Jean décrit comme celui qui était dès le commencement, le « Verbe », la Parole de Dieu, « l’expression parfaite de son être » (He 1,3). L’enfant Jésus est né et Dieu débarque dans notre monde, sans nous demander notre avis. On insiste souvent pour dire que Dieu nous laisse libre, et cette liberté que Dieu nous laisse est nécessaire pour que nous puissions l’aimer d’un amour véritable, un amour sans contrainte. Mais la liberté que Dieu nous laisse n’est pas la liberté de nous désintéresser de lui comme il se désintéresserait de nous. Au contraire, le Seigneur veut tellement pour nous la vie et la lumière qu’il vient dans notre monde et dans son monde sans nous demander de permission.
Dieu n'a pas le bras trop court
homélie du 3ème dimanche de l’Avent (Is 35,1-10 ; Jc 5,7-10 ; Mt 11,2-11)
Comme il est interpellant, Jean-Baptiste dans sa prison ! Il a consacré toute sa vie à préparer les chemins du Seigneur, il y a mis toute son énergie, toute sa passion, il a même vu venir à lui celui qu’une voix du ciel a désigné comme son fils bien-aimé et sur qui l’Esprit a reposé. Maintenant il se trouve en prison, pour avoir dit à Hérode : « tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère » (Mc 6,18). De sa prison, l’action de Jésus l’étonne et le met dans le désarroi ; est-il celui qui doit venir, celui qui agit si différemment de ce qu’il attendait ? Celui qui agit par la douceur, la persuasion, plutôt que par une puissance éclatante ?
Jésus lui répond : il est celui qui doit venir, mais c’est à Jean-Baptiste de le comprendre, par cette référence à la promesse des prophètes, comme si Jésus disait : « regarde, c’est maintenant ! »
Persécutés? Et si c'était normal...
{joomplu:86}Les lectures (Lc 21,12ss ; Ap 13-15) évoquent la situation difficile des chrétiens dans le monde. Est-ce une fiction ? Malheureusement, pas vraiment. Rappelez-vous ce qui vient de se passer à la cathédrale de Bagdad. Et puis, vous connaissez sûrement Sakineh, cette jeune iranienne dont l’opinion publique internationale essaie d’éviter la lapidation pour adultère ; mais avez-vous entendu parlé d’Asia Bibi, cette pakistanaise chrétienne, maman de 4 enfants, faussement condamnée à mort pour blasphème ? Voyez-vous, parfois j’ai l’impression que ça n’intéresse personne le sort d’une chrétienne qui sera mise à mort...
Notre liberté dans la société
homélie du Christ Roi, 21 novembre 2010
{joomplu:39}Aujourd’hui nous fêtons le Christ roi de l’univers, et cette fête a un goût particulier en ces temps où son Royaume semble tellement battu en brèche. Certainement, nous ne devrions pas confondre le Royaume et l’Église, et penser que les difficultés où l’Église se trouve sont exactement les combats du Royaume de Dieu. Nous nous réjouissons de voir que le Royaume de justice et de paix avance aussi sans nous, qu’à plusieurs échelons de pouvoir se trouvent des combattants non chrétiens pour la justice et la paix, pour l’amour et la vérité. Mais nous nous trouvons dans une situation paradoxale où beaucoup voudraient construire une société meilleure en reléguant la religion dans le domaine privé, en l’expulsant du débat public, en la rendant muette. Les scandales odieux dont se sont rendus coupables des hommes d’Église donnent une occasion en or à ceux qui veulent balayer l’Église de la scène publique. Ce week-end les cardinaux sont réunis à Rome autour du pape, non pas pour parler d’abord des problèmes de pédophilie, comme nous le répète sans cesse la presse porteuse de la pensée unique, mais pour se pencher sur la question de la liberté religieuse. Car la liberté de témoigner du Christ est menacée, non seulement dans les pays musulmans ou hindous, mais aussi chez nous, au nom d’une prétendue tolérance qui cache mal un relativisme devenu dictatorial. Il y a bien des situations où nous devons nous cacher d’être chrétiens, et bien sûr on nous fera croire que c’est parce que l’Église devrait avoir honte, mais au fond ce n’est pas cela : l’Église continue de porter témoignage en faveur de Jésus et cela dérange.
il y a des choses éternelles
{joomplu:31}Ils sont vraiment doués pour inventer des histoires à dormir debout, ces sadducéens ! L’évangile d’aujourd’hui nous apprend qu’ils sont opposés à l’idée de la résurrection, mais qui sont-ils au juste ? Ce sont des croyants en vue, ils font partie de la classe dirigeante. Ils ont pu s’allier avec l’occupant romain : ils savent dire ce qui plaît au pouvoir politique et médiatique et nager dans le sens du courant. Dans le sanhédrin, leurs adversaires sont les pharisiens qui, eux, croient qu’il y a une résurrection des morts. Mais Jésus les mettra tous dans le même sac, disant à ses disciples en parlant de leur enseignement : « méfiez-vous donc du levain des pharisiens et des sadducéens. » (Mt 16,11)
demander comme un amoureux
Qui de nous n’a jamais demandé à Dieu quelque chose sans l’obtenir ? Parfois c’était pourtant des choses si importantes, si justes, si conformes au désir de vie et de bonheur que Dieu met lui-même en nous. Autour de nous des gens ont demandé de belles choses à Dieu et n’ont rien reçu, et en ont conçu au fond d’eux-mêmes une grande amertume envers Dieu et envers la vie. Il est arrivé que nous ayons demandé à Dieu d’intervenir pour changer le cours naturel des choses, en matière de maladies ou de catastrophes par exemple. Et nous comptions sur le fait que, {joomplu:158}puisque Dieu est tout puissant, il est sûrement une sorte de super-magicien qui peut changer le cours des choses à sa guise. Et pourtant, les réponses à notre prière, dans ce domaine, sont rares, bien trop rare à notre goût, comme si Dieu ne voulait pas que nous ayons ce genre de rapport avec lui, comme si ce n’était qu’exceptionnellement qu’il intervenait dans le cours naturel des choses, de la vie et de la mort, de la physique et de la chimie. Des théologiens et des philosophes en ont même tiré la conclusion que les miracles sont des vues de l’esprit, que Dieu n’agit pas dans le monde, que c’est bon pour les charismatiques “borderline” de demander à Dieu d’intervenir dans nos vies.
le christianisme en public, faut oser...
Nous commençons l’année en entendant que Jésus convoque ses disciples pour les envoyer aux autres personnes des environs (Lc 9,1-6). Voilà un début d’année en fanfare, car nous pressentons bien qu’aujourd’hui encore Jésus nous convoque pour nous envoyer. Nous ne sommes pas 12, mais beaucoup plus. Nous n’allons sans doute pas passer de village en village, mais nous découvrons cette particularité de la foi chrétienne, qui nous interpelle : la foi chrétienne est quelque chose qui s’annonce, qui se dit aux autres.
Est-ce qu’aux apôtres les gens ont répondu : ne parlons pas de cela, la foi, vous le savez bien, est une affaire privée. Chacun sa religion, et changeons de sujet... (pour la forme polie de la réponse...) ? En tous cas, pour nous aujourd’hui, l’idée que notre foi est quelque chose qui doit être rendu public en rend plus d’un mal à l’aise, si pas franchement hostile.
Le réalisme chrétien, pour un bonheur divin
homélie du 5 septembre 2010, 23°dimanche de l’année C
{joomplu:150}Aujourd’hui le Seigneur nous propose deux thèmes particulièrement alléchants : la souffrance et le renoncement ! « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14,27) « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » (v.33)
On se demandera : faut-il souffrir pour être chrétien ? Sûrement pas, et depuis toujours les chrétiens ont excellé à soulager la souffrance. L’histoire de l’Église est riche de leur investissement en faveur de ceux qui souffrent. Depuis 2000 ans nous avons soigné les malades, fondé des hôpitaux, accueilli les orphelins, lutté avec les pauvres ; et l’Église catholique est la plus grande organisation d’aide dans le monde.
Lynchons les pécheurs !
Jésus guérit les malades, il n’est pas venu condamner les pécheurs mais leur ouvrir le chemin du salut. Il relève aujourd’hui la belle-mère de Pierre (Lc 4,38) ; plus tard il relèvera la femme adultère, au grand scandale de ceux qui se croient purs. Il accueillera aussi un magouilleur parmi ses disciples, et toujours il sera obsédé par l’avenir des pécheurs, par leur restauration dans leur dignité.
Ce n’est pas comme ça qu’on réfléchit avec les pécheurs dans notre société. Ceux qui sont de graves pécheurs doivent payer, et c’est la seule chose qu’on leur souhaite ; qu’ils soient rejetés à la mesure du mal qu’ils ont fait, ainsi que ceux qui les ont traités avec humanité.