Vivre de la Providence
homélie du 8e dimanche A, 2 mars 2014
« Le Seigneur m’a abandonnée, le Seigneur m’a oubliée ». Ce cri du peuple de Dieu devient un jour ou l’autre le nôtre, jaillissant du plus profond de notre détresse. Alors les paroles de Jésus nous arrivent comme une provocation : ne vous faites pas tant de souci pour votre vie ! Dieu ne fera-t-il pas bien davantage pour vous que pour les oiseaux du ciel qu’il nourrit ou l’herbe des champs qu’il habille ? Dans toutes nos détresses et devant tout ce qui nous menace il nous est donné une présence, celle de Dieu, qui veille.
Cette présence n’est pas très facile à percevoir, et l’être humain voudrait une assurance plus concrète devant tout ce qui le menace — par exemple la possibilité de ne plus compter aux yeux des autres, ou une maladie grave ; toutes ces situations où nous rejoignons la condition humaine dans sa fragilité, dans le fait d’être « chair » comme dit la Bible. Où trouver une sorte d’assurance vie contre tout ce qui est inquiétant ? Lorsqu’on cherche une assurance plus concrète que l’amour de Dieu et de nos proches, inévitablement on tombe sur l’argent. L’argent comme source de paix et de confort, est-ce plausible ?
Le chemin de l’amour est un chemin qui monte
homélie du 6e dimanche, 16 février 2014
Jésus nous décrit aujourd’hui l’itinéraire du chemin de l’amour, et nous découvrons que c’est un chemin qui monte, un chemin resserré, comme ces difficiles chemins de montagne, qui ne peut que nous impressionner.
La première chose qui me vient à l’esprit est que si nous voulions paraître irréprochables devant le Christ, c’est vraiment raté. Tant qu’on pouvait simplement chercher à éviter le meurtre ou l’adultère ou le faux serment, ça pouvait encore aller. Mais si une colère a rang de meurtre, si un regard vaut un adultère, qui peut être sauvé ? L’homme est incapable de paraître juste aux yeux de ses semblables, et moins encore aux yeux de Dieu. Il ne peut sauver lui-même ; sans la miséricorde du Christ, qui est sa véritable justice, il n’est rien. Le juste pêche 7 fois par jours, dit le psaume. Et finalement la vie du croyant, c’est de revenir : revenir à Dieu, revenir à ses frères, en demandant pardon, en accueillant le pardon.
Le début de l’Évangile
homélie du 3e dimanche A, 26 janvier 2013
{joomplu:38} Quand on me parle d’une nouvelle idée, j’aime bien savoir comment elle a germé dans l’esprit de celui qui la porte. Pour connaître un nouveau mouvement, c’est utile de savoir dans quelles conditions il a commencé. Pour l’annonce de l’Évangile, nous avons la chance de savoir un petit peu cela : elle a commencé quand Jésus apprit l’arrestation de Jean Baptiste, arrêté par Hérode parce que celui-ci n’appréciait pas les reproches qu’il lui faisait sur son inconduite conjugale. C’est le drame d’une injustice, de la domination despotique des puissants, qui est le point de départ de l’évangélisation. L’Évangile n’est donc pas un message irréaliste, qui ne tient pas compte des limites humaines, des contraintes du monde : il est né dans un contexte violent, dans un contexte pourri, si j’ose dire.
La preuve que Dieu nous aime
homélie du baptême du Seigneur
Tous les hommes ont besoin d’amour. Lorsqu’on se sent aimé, on est content, on devient généreux et capable d’aimer à notre tour. La vie est belle, et même s’il pleut il y a du soleil à l’intérieur. Tous les hommes ont besoin d’amour et ceux qui ne semblent pas en avoir besoin, ils sont ainsi parce qu’ils se sont blindés en eux-mêmes, parce qu’ils ont tant souffert de manquer d’amour qu’ils ont essayé de se construire à côté de leur besoin d’amour. Mais ce besoin est là quand-même, et il crie. Et il cherche sans le dire à rencontrer un vrai amour.
C’est ainsi parce que nous sommes à l’image de Dieu. C’est beau, mais dans ce monde notre besoin d’amour est si rarement comblé. Qu’allons-nous faire ? Gémir ? Essayer de nous distraire comme nous pouvons ? Ou de devenir puissant ou riche pour compenser ? Ou bien nous pouvons accepter un amour qui se propose à la porte de notre cœur, un vrai amour puissant et efficace, un amour qui se trouve quand on le cherche : l’amour de Dieu !
La famille, cellule de base de la société
homélie de la fête de la Sainte Famille 2013
{joomplu:153}Dans l’exhortation apostolique du pape François, Evangelium gaudium, on lit que la famille est importante pour l’Église car « il s’agit de la cellule fondamentale de la société, du lieu où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir aux autres et où les parents transmettent la foi aux enfants ».
En cette fête de la Sainte Famille nous voulons fêter toutes les familles, avec une tendresse particulière pour celles qui vivent des épreuves, en les regardant comme les cellules fondamentales nécessaires à la société. Il y a une forme de famille qui a été avalisée par le parlement mais à laquelle les Églises s’opposent, c’est la famille fondée sur le mariage homosexuel. Cette opposition ne vient pas d’une attitude rigide tournée vers le passé, mais de cette constatation toute simple : pour donner la vie à un enfant il faut d’une façon ou d’une autre toujours un homme et une femme. La stérilité de la relation homosexuelle n’est pas une maladie, elle est dans l’ordre des choses, elle est normale, et il ne faut pas nier la réalité en imaginant des stratagèmes pour imiter la famille fondée sur l’union de l’homme et de la femme. Ce qui ne veut pas dire que nous les chrétiens devons approuver le fait qu’une société rendrait difficile la vie des personnes homosexuelles. Au contraire, c’est aussi avec amitié que nous devons entourer les familles qui existent déjà, quelles que soient leurs blessures.
Veiller sur le Fils de Dieu
Homélie du jour de Noël 2013
Je voudrais ce matin nous encourager dans cette conviction : Dieu est présent et il agit. C’est ce que veut nous dire Isaïe quand il nous fait voir un messager qui proclame : « il est roi, ton Dieu ! » Il est roi, il règne, il est présent à nos vies, au monde, et il les conduit.
En écho à cette affirmation peut monter une protestation, qui dirait : on ne le voit pas beaucoup agir, ton Dieu ! La tentation du doute est présente, car une action de Dieu échappe à nos mesures humaines. Pour la voir, il faut déjà se mettre du point de vue de Dieu, se poster devant les doutes comme son allier, son partisan. Il faut franchir le mur de la foi. Alors nos yeux peuvent se réjouir de la présence et de l’action de Dieu notre roi.
le Royaume de Dieu vient comme une personne
homélie du 2e dimanche de l’Avent
Quel monde inouï, où le loup habite avec l’agneau plutôt que de le croquer! Où le lion mangera du fourrage comme le bœuf ! Où la vache et l’ourse auront même pâturage et s’en porteront bien ! Et il ne s’agit pas seulement des mœurs des animaux, mais aussi des lions que nous croisons dans la personne de notre voisin, ou de notre patron. Peut-être certains d’entre nous vivent-ils avec un ours ou une vache, ou ont-ils l’impression d’être installés sur un nid de vipères… Nous aspirons à un monde réconcilié, un monde de paix où il ne se fait plus de mal, un monde de tendresse où la peur aura disparu.
saint Éloi et le début de l’Avent
homélie du 1er dimanche de l’Avent, 1er décembre 2013
Saint Éloi, patron des orfèvres, des forgerons, des mécaniciens, des mineurs, est aussi patron des agriculteurs. Comment cela se fait-il ? Sa vie nous l’expliquera.
Éloi naît dans une famille d’agriculteurs aisés près de Limoges, dans le sud de la France. Nous sommes en 588, il y a presque 100 ans que Clovis a été baptisé, ce qui met le tout jeune christianisme à l’aise dans le royaume des Francs. C’est le moment où les Anglais commencent à découvrir l’Évangile (Saint Colomban (521-597) au nord puis Augustin de Canterbury en 596 par le sud). Mais il y a déjà 300 ans que saint Piat a donné sa vie chez nous pour son témoignage en faveur du Christ.
Voir Dieu
homélie de la Toussaint 2013
« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu… » Que font les saints ? Ils voient Dieu ! Non pas comme on voit un phénomène original ou même grandiose, mais dans la possibilité de communiquer avec lui. Aux JMJ j’ai vu des jeunes arriver très tôt sur la plage de Copacabana pour espérer voir le pape de près, voire même qu’il s’arrête là où ils s’étaient massés. J’imagine leur tête si on avait dit : vous pourrez passer 10 minutes avec le pape ! Et pourtant, Dieu est tellement plus merveilleux que le pape.
Qui va leur dire?
homélie du 29e dimanche, « des missions »
{joomplu:187}Le pape François fait des déclarations interpellantes, qui ne laissent pas les médias indifférents. Dernièrement il a dit que le prosélytisme était une bêtise grandeur nature1. Il pourrait y avoir des gens qui en concluraient qu’il ne faut pas parler explicitement de Dieu, du Christ, de notre foi en lui, mais plutôt servir, transformer l’Église en un grand service social. Or, le pape est bien clair : le service fait partie de l’action normale de toute communauté chrétienne et de tout chrétien, mais ce n’est pas à ce service que se résume la mission de l’Église et du baptisé. S’il ne faut pas de prosélytisme, il faut la mission, en faveur de tous ceux qui connaissent mal ou pas du tout l’amour de Dieu que le Christ nous révèle et nous fait vivre. Depuis le moment où il a été élu successeur de Pierre, le pape Bergoglio n’a pas arrêté d’inciter l’Église à « s’ouvrir », à atteindre les hommes jusque dans leurs plus lointaines « périphéries existentielles ». Il ne faut pas persuader, mais il faut annoncer.
la foi, croire que ça marche ou tisser un lien?
homélie du 28e dimanche C, 13 octobre 2013
{joomplu:42}Vous avez sûrement été tous surpris par la dernière phrase du récit, la répartie de Jésus à celui qui seul était venu rendre grâce à Dieu : « relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » Dix lépreux ont été guéris, mais un seul s’entend dire que sa foi l’a sauvé. De là à conclure que les dix ont été guéris mais qu’un seul a en plus été sauvé, il n’y a qu’un pas, que je franchis allègrement. Être guéri, pour un lépreux, c’est très bien mais ce n’est pas encore le salut. Et pour nous non plus, le salut ne prend pas la forme de la suppression de nos souffrances, de nos infirmités. Je ne dis pas que Dieu ne veut pas nous faire du bien et nous montrer ainsi sa tendresse, mais ce n’est pas encore le salut.