Persécutés? Et si c'était normal...
{joomplu:86}Les lectures (Lc 21,12ss ; Ap 13-15) évoquent la situation difficile des chrétiens dans le monde. Est-ce une fiction ? Malheureusement, pas vraiment. Rappelez-vous ce qui vient de se passer à la cathédrale de Bagdad. Et puis, vous connaissez sûrement Sakineh, cette jeune iranienne dont l’opinion publique internationale essaie d’éviter la lapidation pour adultère ; mais avez-vous entendu parlé d’Asia Bibi, cette pakistanaise chrétienne, maman de 4 enfants, faussement condamnée à mort pour blasphème ? Voyez-vous, parfois j’ai l’impression que ça n’intéresse personne le sort d’une chrétienne qui sera mise à mort...
Notre liberté dans la société
homélie du Christ Roi, 21 novembre 2010
{joomplu:39}Aujourd’hui nous fêtons le Christ roi de l’univers, et cette fête a un goût particulier en ces temps où son Royaume semble tellement battu en brèche. Certainement, nous ne devrions pas confondre le Royaume et l’Église, et penser que les difficultés où l’Église se trouve sont exactement les combats du Royaume de Dieu. Nous nous réjouissons de voir que le Royaume de justice et de paix avance aussi sans nous, qu’à plusieurs échelons de pouvoir se trouvent des combattants non chrétiens pour la justice et la paix, pour l’amour et la vérité. Mais nous nous trouvons dans une situation paradoxale où beaucoup voudraient construire une société meilleure en reléguant la religion dans le domaine privé, en l’expulsant du débat public, en la rendant muette. Les scandales odieux dont se sont rendus coupables des hommes d’Église donnent une occasion en or à ceux qui veulent balayer l’Église de la scène publique. Ce week-end les cardinaux sont réunis à Rome autour du pape, non pas pour parler d’abord des problèmes de pédophilie, comme nous le répète sans cesse la presse porteuse de la pensée unique, mais pour se pencher sur la question de la liberté religieuse. Car la liberté de témoigner du Christ est menacée, non seulement dans les pays musulmans ou hindous, mais aussi chez nous, au nom d’une prétendue tolérance qui cache mal un relativisme devenu dictatorial. Il y a bien des situations où nous devons nous cacher d’être chrétiens, et bien sûr on nous fera croire que c’est parce que l’Église devrait avoir honte, mais au fond ce n’est pas cela : l’Église continue de porter témoignage en faveur de Jésus et cela dérange.
il y a des choses éternelles
{joomplu:31}Ils sont vraiment doués pour inventer des histoires à dormir debout, ces sadducéens ! L’évangile d’aujourd’hui nous apprend qu’ils sont opposés à l’idée de la résurrection, mais qui sont-ils au juste ? Ce sont des croyants en vue, ils font partie de la classe dirigeante. Ils ont pu s’allier avec l’occupant romain : ils savent dire ce qui plaît au pouvoir politique et médiatique et nager dans le sens du courant. Dans le sanhédrin, leurs adversaires sont les pharisiens qui, eux, croient qu’il y a une résurrection des morts. Mais Jésus les mettra tous dans le même sac, disant à ses disciples en parlant de leur enseignement : « méfiez-vous donc du levain des pharisiens et des sadducéens. » (Mt 16,11)
demander comme un amoureux
Qui de nous n’a jamais demandé à Dieu quelque chose sans l’obtenir ? Parfois c’était pourtant des choses si importantes, si justes, si conformes au désir de vie et de bonheur que Dieu met lui-même en nous. Autour de nous des gens ont demandé de belles choses à Dieu et n’ont rien reçu, et en ont conçu au fond d’eux-mêmes une grande amertume envers Dieu et envers la vie. Il est arrivé que nous ayons demandé à Dieu d’intervenir pour changer le cours naturel des choses, en matière de maladies ou de catastrophes par exemple. Et nous comptions sur le fait que, {joomplu:158}puisque Dieu est tout puissant, il est sûrement une sorte de super-magicien qui peut changer le cours des choses à sa guise. Et pourtant, les réponses à notre prière, dans ce domaine, sont rares, bien trop rare à notre goût, comme si Dieu ne voulait pas que nous ayons ce genre de rapport avec lui, comme si ce n’était qu’exceptionnellement qu’il intervenait dans le cours naturel des choses, de la vie et de la mort, de la physique et de la chimie. Des théologiens et des philosophes en ont même tiré la conclusion que les miracles sont des vues de l’esprit, que Dieu n’agit pas dans le monde, que c’est bon pour les charismatiques “borderline” de demander à Dieu d’intervenir dans nos vies.
le christianisme en public, faut oser...
Nous commençons l’année en entendant que Jésus convoque ses disciples pour les envoyer aux autres personnes des environs (Lc 9,1-6). Voilà un début d’année en fanfare, car nous pressentons bien qu’aujourd’hui encore Jésus nous convoque pour nous envoyer. Nous ne sommes pas 12, mais beaucoup plus. Nous n’allons sans doute pas passer de village en village, mais nous découvrons cette particularité de la foi chrétienne, qui nous interpelle : la foi chrétienne est quelque chose qui s’annonce, qui se dit aux autres.
Est-ce qu’aux apôtres les gens ont répondu : ne parlons pas de cela, la foi, vous le savez bien, est une affaire privée. Chacun sa religion, et changeons de sujet... (pour la forme polie de la réponse...) ? En tous cas, pour nous aujourd’hui, l’idée que notre foi est quelque chose qui doit être rendu public en rend plus d’un mal à l’aise, si pas franchement hostile.
Le réalisme chrétien, pour un bonheur divin
homélie du 5 septembre 2010, 23°dimanche de l’année C
{joomplu:150}Aujourd’hui le Seigneur nous propose deux thèmes particulièrement alléchants : la souffrance et le renoncement ! « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14,27) « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » (v.33)
On se demandera : faut-il souffrir pour être chrétien ? Sûrement pas, et depuis toujours les chrétiens ont excellé à soulager la souffrance. L’histoire de l’Église est riche de leur investissement en faveur de ceux qui souffrent. Depuis 2000 ans nous avons soigné les malades, fondé des hôpitaux, accueilli les orphelins, lutté avec les pauvres ; et l’Église catholique est la plus grande organisation d’aide dans le monde.
Lynchons les pécheurs !
Jésus guérit les malades, il n’est pas venu condamner les pécheurs mais leur ouvrir le chemin du salut. Il relève aujourd’hui la belle-mère de Pierre (Lc 4,38) ; plus tard il relèvera la femme adultère, au grand scandale de ceux qui se croient purs. Il accueillera aussi un magouilleur parmi ses disciples, et toujours il sera obsédé par l’avenir des pécheurs, par leur restauration dans leur dignité.
Ce n’est pas comme ça qu’on réfléchit avec les pécheurs dans notre société. Ceux qui sont de graves pécheurs doivent payer, et c’est la seule chose qu’on leur souhaite ; qu’ils soient rejetés à la mesure du mal qu’ils ont fait, ainsi que ceux qui les ont traités avec humanité.
Assomption 2010 – le vrai combat avec Marie
{joomplu:102}L’assomption de Marie nous aide à saisir la place qu’elle peut prendre dans nos vies. C’est une place souvent discutée : ne lui donne-t-on pas trop de place par rapport à Dieu, par rapport à son Fils ? N’est-ce pas déplacé de prier Marie ? Je n’ai pas l’impression qu’on puisse réfléchir à la question sans considérer le temps où nous vivons. Et ce temps est difficile, il rend nécessaire de prier Marie. Certains penseront que je suis un prêtre marial, parce que je vais à Lourdes tous les ans, ou parce que je vous en parle maintenant. Et pourtant je n’ai pas de goût particulier pour la prière mariale, et je l’ai trouvée longtemps superflue. Mais je suis un physicien, un homme pour qui l’expérience compte. Et je dois me rendre à l’évidence : bien prier Marie est une source de consolation et de paix ; bien prier Marie garde le cœur plus ferme dans les tentations ; bien prier Marie est une vraie arme de combat dans les difficultés spéciales de notre époque.
Marthe et Marie: pourquoi je sers?
16ème dimanche, le 18 juillet 2010
{joomplu:100}Si Marthe avait fait comme Marie, Jésus aurait dû manger des tartines, et encore, dans le meilleur des cas, s’il y avait de quoi au frigo... C’est sans doute parce que tout le monde ne pourrait pas faire comme Marie si on veut quelque chose à manger que les chrétiens ont pris l’habitude de se ranger en deux groupes : les Marthes et les Maries. Pourtant, Jésus ne dit pas que l’attitude de Marthe et celle de Marie sont équivalentes, qu’on peut choisir celle qu’on veut. Il dit bien que Marie a choisi une meilleure part que Marthe, et qu’il ne donnera pas raison à Marthe qui veut houspiller sa sœur.
«Je suis venu accomplir la Loi»
homélie de la messe des étudiants du 9 juin 2010, sur Matthieu 5,17-20
Jésus a un enseignement bouleversant, révolutionnaire. Dans quelle ligne s’inscrit-il ? Va-t-il prôner une nouvelle religion, en complète rupture avec la foi juive ? Vient-il abolir la Loi, les prophètes, c’est-à-dire, non les règles, mais la façon de s’attacher à Dieu, de compter avec lui dans la vie quotidienne, que la méditation de la « Loi du Seigneur » avait distillée dans le peuple hébreu tout au long de son histoire ?
Bientôt il va dire : vous avez appris qu’il a été dit... eh bien moi je vous dit... (Mt 5,21ss) Est-il donc venu changer le chemin que Dieu a proposé à son peuple ? Ou plus fort encore, est-il venu fonder une religion « horizontale », basée uniquement sur la solidarité et le partage ? Certains de ses propos le laissent croire. D’ailleurs, c’est ainsi que beaucoup de gens ont interprété l’évangile par la suite : simplement comme une règle de vie entre les hommes. Tout ce qui avait trait à la relation avec Dieu relevait alors de la mythologie surajoutée par l’Église, un élément facultatif.
Le Christ se donne à aimer
homélie de la fête du Saint-Sacrement
En multipliant les pains, Jésus nourrit toute une foule, il répond au besoin de tous ces gens. Assez vite par la suite il va essayer de leur faire comprendre que la nourriture c’est lui-même ; on le voit clairement dans l’évangile selon saint Jean, où Jésus dira : « je suis le pain de la vie » (Jn 6,35). Oui, ce qui répond à notre besoin profond, c’est que Jésus lui-même se donne à manger.
Jésus se donne à manger, mais plus encore il se donne à aimer. C’est bien de le manger avec la bouche, mais il faut surtout le manger avec le cœur. Car l’eucharistie, c’est le mémorial de la passion, et à nouveau aujourd’hui Jésus s’offre au Père par amour et se donne à nous par amour.