Veiller, et demander la foi
homélie du premier dimanche de l'Avent
{joomplu:149}Veillez ! Pourquoi le Seigneur nous donne-t-il cette désagréable impression qu’il veut nous surprendre et arriver à l’improviste ? Nous qui détestons être pris en défaut, nous n’aimons pas trop cette attitude... Mais c’est pour une toute autre raison que Jésus nous demande de veiller. C’est à cause du fonctionnement de notre cœur. Ce qu’il nous apprend ne sont pas d’abord des choses de l’esprit, mais du cœur. Il ne s’agit pas de savoir, mais d’avoir le cœur actif. Le savoir peut dormir, mais pas l’amour : le cœur doit veiller. Permettez-moi une comparaison conjugale : si l’un des deux conjoints se met à ne plus cultiver son amour, à laisser son cœur s’endormir en ne témoignant plus fréquemment son amour à l’autre, tout en se disant : il/elle sait bien que je l’aime... Eh bien cet amour est en danger, il est en train de s’endormir profondément et il meurt de faim. Il mourra, de faim, en dormant...
un combat inévitable
homélie de la messe des étudiants, 23 novembre 2011
« Vous serez détestés de tous, à cause de mon Nom. » (Lc 21,17) Pourquoi serions-nous rejetés ? L’évangile est pourtant si bon pour l’homme ! Cet évangile nous met devant un combat, le combat de la lumière et des ténèbres, en nous et dans la société.
Ce combat, le Christ vient le mener à bras le corps. Et nous voyons dans le chœur de cette église jusqu’où cela l’a mené : souffrir sa passion, mourir et ressusciter d’entre les morts. Avant de vivre cela il précise à ses disciples : « le serviteur n’est pas plus grand que son maître ; si on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. Si on a observé ma parole, on observera aussi la vôtre. » (Jn 15,20) Nous voilà donc rendu participants au combat du Christ, en première loge :-)
de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit...
homélie du 23 octobre 2011, 30ème dimanche de l’année A
Les pharisiens viennent pour prendre Jésus au piège, et lui nous livre un des enseignements centraux du christianisme. Il ne se laisse pas démonter mais enseigne encore une fois en homme qui a autorité, pour nous demander l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
Comment ne pas se laisser surprendre à notre époque par cette insistance sur l’amour de Dieu ? Comment ne pas être surpris quand nous évoluons dans une culture où Dieu est si peu évident, où « Dieu ne compte pas, même s’il existait »1. Jésus nous demande d’aimer Dieu, quand beaucoup disent : on ne peut déjà pas le connaître, on n’a que des opinions vagues sur lui !
Les chemins de la paix
homélie de la fête de saint François 2011
C’est à Assise, chez saint François, que Jean-Paul II a invité les représentants des grandes religions du monde à venir prier pour la paix. À Assise, chez ce passionné du Christ, François qui a porté la paix autour de lui, la paix de l’amour de Dieu qui touche et change les cœurs.
François porteur de paix, nous le retrouvons dans bien des situations. Rappelons-nous sa rencontre avec le Sultan Al-Kamil, une rencontre vraiment dangereuse, où François risqua beaucoup, mais qui toucha le cœur du sultan. Ou bien François œuvrant à la réconciliation entre l’évêque et l’administrateur d’Assise. Ou encore son intervention à Gubbio, réconciliant les habitants avec leur loup. Et aussi tout à la fin de sa vie, François en paix avec la mort, ajoutant à son cantique « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre soeur la mort corporelle, à qui nul homme vivant ne peut échapper... »
Vis! Marche dans la lumière!
{joomplu:177}Comme les fils que le père envoie à la vigne et qui disent non puis y vont, ou qui disent oui puis n’y vont pas (Mt 21,28), nous sommes venu ce matin avec un certain passé... Passé fait de fidélité au Seigneur et aussi d’infidélité... Passé émaillé de choix de lumière et d’espérance, ou de choix obscurs et de désespoir... Passé marqué par le bien et le mal qui nous ont été fait, qui nous ont construit ou blessé...
Ce passé est parfois lourd, au point de nous conduire à prononcer une sorte de malédiction sur nous-mêmes : étant donné ce choix posé un jour, cet événement jadis vécu, je ne serai plus jamais dans la même amitié avec Dieu, telle espérance que j’avais m’est à jamais fermée, je dois me résigner à une vie moindre, etc.
un nouvel amour est possible
homélie de la Pentecôte, 12 juin 2011
{joomplu:176}Ce matin je suis tout étonné de voir le don de l’Esprit Saint en lien direct avec le pardon des péchés. Qu’est-ce que cela veut dire ? Pour comprendre, je suis remonté jusqu’à Noël, pour assister de nouveau à cet événement extraordinaire, qu’aucune religion ne relate : Dieu l’auteur de tout se fait une de ses créatures, l’être humain, celui qu’il a créé capable de dialoguer avec lui.
L’histoire de Dieu sur la terre que nous pouvons lire au long des évangiles révèle la situation dramatique où l’homme est tombé : l’être humain ne veut pas être frère de tous, il ne veut pas aimer son semblable plus que l’argent, l’honneur ou le confort. Les rapports difficiles entre Jésus et les autorités juives ou romaines, les pharisiens et autres possédants nous le montrent.
Aimer c'est frémir et vouloir
homélie du 6ème dimanche de Pâques, 29 mai 2011
{joomplu:175}Dimanche passé je vous disais : la vérité existe, nous pouvons la rencontrer. Je voudrais poursuivre cette réflexion en nous laissant guider par l’évangile du jour. Il y est question de commandements, d’amour et de vision.
Nous entendons Jésus nous dire abruptement : « si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. » (Jn 14,15) Et un peu après : « Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime. » (21)
Voilà que l’amour se vérifie par l’attachement aux commandements du Seigneur. Un jour une jeune fille m’avait demandé : comment puis-je savoir que j’aime ce garçon pour de bon ? Car je me suis déjà sentie plusieurs fois amoureuse sans que cela dure. Elle avait raison de se poser cette question, car tant qu’il n’est qu’un sentiment l’amour peut être authentique mais on peut se demander s’il est vrai, de cette vérité qui tient le coup. Et je lui ai fait cette réponse qui l’a beaucoup surprise : tu peux savoir si tu aimes ce garçon aux efforts que tu es prête à faire pour lui.
La vérité existe, nous pouvons la rencontrer
homélie du 5ème dimanche de Pâques, 22 mai 2011
« Croyez aussi en moi » ! Nous dit Jésus (Jn 14, 1). « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (v.6)
La vérité, comment nous situons-nous par rapport à elle ? Il y a comme un malaise, et sans doute l’Église doit-elle se faire pardonner d’avoir prétendu « détenir » la vérité, dans la mesure où elle l’a dit ainsi. Aujourd’hui, on n’aime plus parler de la vérité, on préfère dire que chacun peut avoir sa vérité, selon ce qui le touche à ce moment-là. Tout au plus espère-t-on en cas de délit ou de désaccord parvenir à une vérité « judiciaire », mais pour le reste le champ de la vérité appartient à l’émotion, à l’opinion publique, à celui qui crie le plus habilement ou le plus fort.
La foi, une connaissance transformante
homélie de Pâques 2011
{joomplu:175} La résurrection de Jésus fut un événement bouleversant pour les apôtres, quelque chose à quoi ils ne s’attendaient vraiment pas. Ils avaient bien vu la résurrection de Lazare, mais cette fois c’était si différent : Jésus ne revient pas à l’ancienne vie, celui que les apôtres rencontrent vit d’une vie incomparable, la vie éternelle où il ne connaîtra plus la mort. Il faudra du temps aux apôtres pour la reconnaître. Au début, la joie des apôtres sera mêlée de crainte, ils prendront même le Seigneur pour un fantôme. 40 jours seront bien nécessaires pour comprendre la vie nouvelle de Jésus.
La résurrection n’est pas un retour en arrière, avant la croix, une restauration du passé. Vendredi nous avons uni à la croix les souffrances de nos vies. J’ai été très ému, lors du camp que je vivais avec une centaine de jeunes dans la région de Tournai, de les voir venir poser leur front sur la croix, demander au Seigneur de vivre avec lui les épreuves de leurs familles, de leur vie d’étudiant, de leur vie au milieu des condisciples ou des amis ; ils m’ont partagé des épreuves si profondes que je reste édifié de les voir marcher dans la foi et je bénis le Seigneur de les tenir.
Un service de tout l'homme
{joomplu:92} Bientôt nous allons vivre le point central de la Semaine Sainte la passion du Seigneur, le don de sa vie sur la croix. C’est le point central, par lequel tout s’est fait, mais bien sûr ce n’est pas le sommet. Le sommet, ce sera la résurrection, quand la mort ne peut retenir le Fils de Dieu fidèle à son Père. Demain, par sa façon de vivre le péché de l’homme qui s’abat sur lui dans l’injustice et le mépris, par sa fidélité à Dieu et à l’homme, Jésus détruit le péché. Au lieu de la vengeance, de la malédiction, du découragement, Jésus choisit l’amour, il choisit de se donner. Et ce don de lui sur la croix, il l’anticipe le dernier soir, à table avec ses disciples, en dépassant toute la signification du repas pascal juif. Le pain sera son corps livré, le vin sera son sang versé, et ses disciples feront cela à leur tour jusqu’au retour du Seigneur.
J'ai le choix de la vague sur laquelle je vais surfer
homélie du premier dimanche de carême, sur Gn 3 et Mt 4
{joomplu:22}Nous voici placés devant le mystère de la liberté humaine. L’arbre placé au milieu du jardin, dont on ne peut pas manger, n’est pas une tentation, mais bien la création de la liberté humaine par Dieu.
Car ce n’est pas l’instinct qui gardera l’homme de cet arbre, comme il garde les animaux de ce qui est mauvais pour eux. C’est seulement le choix d’une volonté qui accepte d’écouter Dieu, d’être en relation avec Dieu. C’est une liberté bien orientée — bien « ordonnée » comme on dit dans le langage technique de la théologie.
Dieu crée l’homme libre, non pour qu’il puisse se détruire, n’en faire qu’à sa tête, inventer l’injustice sociale, l’exploitation sexuelle sous toutes ses formes, le mépris de la vie, etc., mais pour qu’il puisse entrer en relation.
C’est un énorme risque que Dieu prend ; il veut le faire, le projet vaut le risque : c’est le bonheur d’aimer, pour d’innombrables de créatures.