Venir à la rencontre du Sauveur
homélie du 4ème dimanche de carême
{joomplu:154}Parfois on se reproche de revenir à Dieu quand ça va mal alors qu’on l’avait laissé de côté dans les beaux jours. Mais il ne faut pas s’empêcher pour cela de venir prier, de venir demander. Dieu sait bien que notre cœur est ainsi blessé par un aveuglement ou une mauvaise volonté. Il le sait, il le voit depuis des milliers d’années, il en a souffert avec son peuple (voir la première lecture, 2Ch 36). Et il ne s’amuse pas à faire des reproches. Il dit simplement : viens et moi je te purifierai. (Is 1,18 : Venez donc et discutons, dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront comme la neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront blancs comme la laine.)
C’est comme sauveur que Dieu vient. Et nous commençons à apprécier cela lorsque nous traversons l’épreuve. Épreuve de la vie, ou épreuve due à nos péchés, ou les deux à la fois …
Le drame du cœur du Père
homélie du deuxième dimanche de carême 2012
{joomplu:161}L’histoire du sacrifice d’Isaac (Gn 22, 1-18) est quelque chose qui surprend beaucoup les hommes et les femmes modernes que nous sommes. Le fond de cette histoire est qu’Abraham continue de craindre Dieu tout au long de sa vie, même comblé de biens. Craindre Dieu ce n’est pas avoir peur de lui, craindre Dieu c’est le considérer comme ce qu’il est, c’est-à-dire Dieu, c’est-à-dire le centre de notre vie. Assez souvent nous faisons de bien d’autres choses le centre de notre vie. Je ne parle même pas des futilités, lorsque nous pensons à acheter un téléviseur super large, le dernier Iphone, etc., non, je parle même des choses légitimes dont nous serions tentés de faire le centre de notre vie : fonder une famille, avoir des enfants, avoir une maison, une bonne santé, etc. Naturellement nous aurons tendance à faire de ces choses très belles et très légitimes le centre de notre vie. L’histoire d’Abraham nous rappelle que le centre de la vie c’est Dieu. Cela nous surprend car Dieu est tellement impalpable. Mais nous avons ce témoignage à rendre — à nous-mêmes et au milieu de notre monde — que le centre de la vie c’est bien sûr en partie toutes les belles choses que j’ai énumérées mais plus fort encore, c’est celui qu’on ne voit pas, qui est l’auteur de tout, c’est Dieu. Et cela vaut la peine de s’attacher à lui. Avoir le cœur uni à Dieu, c’est plus important que tout, même qu’avoir des enfants. Voilà ce que l’histoire du père des croyants vient nous rappeler, et ainsi nous découvrons ce grand bonheur accessible vraiment à tous. Oui, le bonheur d’Abraham est pour tous.
toutes les tentations ne sont pas du diable
homélie du premier dimanche de carême
{joomplu:82}L’histoire du déluge (Gn 9, 8-15) est surtout intéressante pour la conclusion que Dieu en tire : « Oui, j’établis mon alliance avec vous, aucun être vivant ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre ». Quand on se pose des questions sur l’historicité de ce déluge, je pense que l’on s’empêtre vite dans des choses qui ne sont pas essentielles. Au fond, cette histoire a été écrite moins pour dire ce qui s’est passé que pour dire que cela ne se passera plus.
Lorsque Dieu dit après le Déluge : « Plus jamais je ne détruirai les injustes sur la terre » il faut bien reconnaître que cela nous embête. Qui de nous, à un moment donné dans sa vie, aux prises avec l’injustice, avec les arrogances, n’a pas rêvé que Dieu vienne et élimine l’injuste et l’arrogant de la surface de la terre : “Seigneur fais-moi justice, mets au pas mes ennemis et fais-les mourir s’il le faut !” Remarquez, Dieu n’a fait mourir ni Hitler ni Staline ni d’autres tyrans modernes. Dieu a dit : « Plus jamais je ne le ferai » et nous sommes invités à entrer dans sa conception de l’alliance. Dieu veut faire alliance avec tous les hommes, il veut tendre l’arc-en-ciel à tous les hommes, si-bien que je suis invité à aimer chacun comme Dieu l’aime, avec la même espérance que Dieu pose sur lui, même s’il nous semble tellement pourri parfois. Espérer, espérer pour tous !
le bonheur de se convertir
Homélie du 22 janvier 2012, 3ème dimanche du Temps ordinaire
Aujourd’hui nous assistons au début de la mission de Jésus et comme le début va donner toute la couleur de l’ensemble c’est intéressant de regarder ce que Jésus dit. Il dit cette parole qui m’a toujours surpris à vrai dire : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». C’est ainsi que débute la mission de Jésus. La Bonne Nouvelle comprend une conversion parce que le Règne est proche. J’ai donc envie de vous parler un peu de la conversion même si nous sommes encore à un mois du carême…
En fait se convertir c’est une manie des chrétiens. Regardez comment nous avons commencé la messe, nous avons commencé la messe en disant : « Seigneur prends pitié de nous car nous sommes des pécheurs » et nous faisons cela à chaque messe. Je me demande quel autre groupe humain commence ainsi ses rassemblements.
Imaginez un petit peu que le 1er mai on commence les discours en disant :
Chercher Dieu n'est pas facultatif
homélie de l’Épiphanie 2011
{joomplu:95}Quelle ingéniosité dans les fêtes de Noël et de Nouvel An pour apporter de la lumière quand le jour baisse ! Maintenant les lumières sont éteintes, mais nous avons tant besoin de lumière. Ce n’est pas pour rien que Dieu se présente comme lumière qui vient sur le monde. Il correspond à un besoin réel de l’homme.
Au point que des philosophes ont pu croire que Dieu était une projection de nos besoins. C’est une hypothèse que l’on ne pourra jamais écarter définitivement. Mais qui s’explique aussi si l’homme a un réel besoin du Dieu vrai et vivant, du Dieu qui est lumière. Dans le récit des mages, nous rencontrons tout homme qui cherche la lumière, qui la désire tellement qu’il est prêt à se confier à une étoile...
Noël, se laisser aimer pour changer le monde
Homélie de Noël 2011
Depuis Abraham le peuple de Dieu n’a pas manqué de vivre des épreuves, mais au lieu d’en conclure que Dieu l’avait abandonné ou même n’existait pas il a perçu à travers ces épreuves la révélation de Dieu. Le salut que Dieu vient proposer n’est pas une distraction passagère par rapport aux malheurs du temps comme si Dieu disait « Eh bien, venez, on va se changer un peu les idées, après, ben voilà, vous reprendrez votre vie normale… » Non ! Le salut dont Isaïe annonce qu’il va jaillir est l’annonce d’un changement en profondeur.
Aujourd’hui notre époque vit des difficultés aussi graves et généralisées. Le Congo vient de vivre un simulacre d’élections, la Russie probablement aussi, nous redécouvrons l’oppression dans laquelle vivent les Nord-Coréens. Nous craignons pour l’avenir de l’Irak, de la Syrie, de l’Égypte, de tant d’autres pays. Partout des injustices graves frappent les hommes, l’amour de l’argent gouverne le monde. Ici, en Belgique, nous avons été choqués par la tuerie de la place Saint-Lambert et nous essayons de nous unir à la peine de ceux qui en ont été frappés. Dans un autre registre nous voyons que la seule réalité sociale qui ne doit pas contribuer à l’effort de crise est le capital, dont on craint qu’il fuie ailleurs, alors que la spéculation a contribué grandement à la mauvaise situation où nous sommes. La moindre taxe sur les transactions financières, demandée également par le Vatican, est reportée sans cesse. Le pouvoir de l’argent semble dominer le monde et souvent aussi il gouverne notre cœur et nous nous découvrons avides de reconnaissance, de pouvoir, de biens.
joie de la sainteté, également dans la sexualité
— homélie du 4ème dimanche de l’Avent, 19 décembre —
{joomplu:168}De Jésus on dit dans le credo qu’il a été conçu du Saint-Esprit. Marie, lorsque l’ange lui annonce qu’elle va concevoir un fils, lui objecte que ça lui paraît étrange puisqu’elle est vierge. Mais quand l’ange lui dit que c’est « la puissance du Très-Haut » qui fera cela, elle accepte le projet de Dieu dans la foi. La conception de Jésus par le Saint-Esprit a posé des questions à la biologie de toutes les époques, et dans les termes d’aujourd’hui on se demandera de quel bagage génétique Jésus hérite-t-il. C’est impossible de rendre compte de la conception de Jésus de façon scientifique ; mais comme disait Pascal, « tout ce qui est incompréhensible n’en existe pas moins pour cela. »1 La rationalité scientifique n’est pas le seul mode de connaissance2.
Une autre réticence à la conception virginale de Jésus serait qu’elle dévaluerait la sexualité.
Veiller, et demander la foi
homélie du premier dimanche de l'Avent
{joomplu:149}Veillez ! Pourquoi le Seigneur nous donne-t-il cette désagréable impression qu’il veut nous surprendre et arriver à l’improviste ? Nous qui détestons être pris en défaut, nous n’aimons pas trop cette attitude... Mais c’est pour une toute autre raison que Jésus nous demande de veiller. C’est à cause du fonctionnement de notre cœur. Ce qu’il nous apprend ne sont pas d’abord des choses de l’esprit, mais du cœur. Il ne s’agit pas de savoir, mais d’avoir le cœur actif. Le savoir peut dormir, mais pas l’amour : le cœur doit veiller. Permettez-moi une comparaison conjugale : si l’un des deux conjoints se met à ne plus cultiver son amour, à laisser son cœur s’endormir en ne témoignant plus fréquemment son amour à l’autre, tout en se disant : il/elle sait bien que je l’aime... Eh bien cet amour est en danger, il est en train de s’endormir profondément et il meurt de faim. Il mourra, de faim, en dormant...
de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit...
homélie du 23 octobre 2011, 30ème dimanche de l’année A
Les pharisiens viennent pour prendre Jésus au piège, et lui nous livre un des enseignements centraux du christianisme. Il ne se laisse pas démonter mais enseigne encore une fois en homme qui a autorité, pour nous demander l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
Comment ne pas se laisser surprendre à notre époque par cette insistance sur l’amour de Dieu ? Comment ne pas être surpris quand nous évoluons dans une culture où Dieu est si peu évident, où « Dieu ne compte pas, même s’il existait »1. Jésus nous demande d’aimer Dieu, quand beaucoup disent : on ne peut déjà pas le connaître, on n’a que des opinions vagues sur lui !
Les chemins de la paix
homélie de la fête de saint François 2011
C’est à Assise, chez saint François, que Jean-Paul II a invité les représentants des grandes religions du monde à venir prier pour la paix. À Assise, chez ce passionné du Christ, François qui a porté la paix autour de lui, la paix de l’amour de Dieu qui touche et change les cœurs.
François porteur de paix, nous le retrouvons dans bien des situations. Rappelons-nous sa rencontre avec le Sultan Al-Kamil, une rencontre vraiment dangereuse, où François risqua beaucoup, mais qui toucha le cœur du sultan. Ou bien François œuvrant à la réconciliation entre l’évêque et l’administrateur d’Assise. Ou encore son intervention à Gubbio, réconciliant les habitants avec leur loup. Et aussi tout à la fin de sa vie, François en paix avec la mort, ajoutant à son cantique « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre soeur la mort corporelle, à qui nul homme vivant ne peut échapper... »
Vis! Marche dans la lumière!
{joomplu:177}Comme les fils que le père envoie à la vigne et qui disent non puis y vont, ou qui disent oui puis n’y vont pas (Mt 21,28), nous sommes venu ce matin avec un certain passé... Passé fait de fidélité au Seigneur et aussi d’infidélité... Passé émaillé de choix de lumière et d’espérance, ou de choix obscurs et de désespoir... Passé marqué par le bien et le mal qui nous ont été fait, qui nous ont construit ou blessé...
Ce passé est parfois lourd, au point de nous conduire à prononcer une sorte de malédiction sur nous-mêmes : étant donné ce choix posé un jour, cet événement jadis vécu, je ne serai plus jamais dans la même amitié avec Dieu, telle espérance que j’avais m’est à jamais fermée, je dois me résigner à une vie moindre, etc.