Notre liberté dans la société
homélie du Christ Roi, 21 novembre 2010
{joomplu:39}Aujourd’hui nous fêtons le Christ roi de l’univers, et cette fête a un goût particulier en ces temps où son Royaume semble tellement battu en brèche. Certainement, nous ne devrions pas confondre le Royaume et l’Église, et penser que les difficultés où l’Église se trouve sont exactement les combats du Royaume de Dieu. Nous nous réjouissons de voir que le Royaume de justice et de paix avance aussi sans nous, qu’à plusieurs échelons de pouvoir se trouvent des combattants non chrétiens pour la justice et la paix, pour l’amour et la vérité. Mais nous nous trouvons dans une situation paradoxale où beaucoup voudraient construire une société meilleure en reléguant la religion dans le domaine privé, en l’expulsant du débat public, en la rendant muette. Les scandales odieux dont se sont rendus coupables des hommes d’Église donnent une occasion en or à ceux qui veulent balayer l’Église de la scène publique. Ce week-end les cardinaux sont réunis à Rome autour du pape, non pas pour parler d’abord des problèmes de pédophilie, comme nous le répète sans cesse la presse porteuse de la pensée unique, mais pour se pencher sur la question de la liberté religieuse. Car la liberté de témoigner du Christ est menacée, non seulement dans les pays musulmans ou hindous, mais aussi chez nous, au nom d’une prétendue tolérance qui cache mal un relativisme devenu dictatorial. Il y a bien des situations où nous devons nous cacher d’être chrétiens, et bien sûr on nous fera croire que c’est parce que l’Église devrait avoir honte, mais au fond ce n’est pas cela : l’Église continue de porter témoignage en faveur de Jésus et cela dérange.
il y a des choses éternelles
{joomplu:31}Ils sont vraiment doués pour inventer des histoires à dormir debout, ces sadducéens ! L’évangile d’aujourd’hui nous apprend qu’ils sont opposés à l’idée de la résurrection, mais qui sont-ils au juste ? Ce sont des croyants en vue, ils font partie de la classe dirigeante. Ils ont pu s’allier avec l’occupant romain : ils savent dire ce qui plaît au pouvoir politique et médiatique et nager dans le sens du courant. Dans le sanhédrin, leurs adversaires sont les pharisiens qui, eux, croient qu’il y a une résurrection des morts. Mais Jésus les mettra tous dans le même sac, disant à ses disciples en parlant de leur enseignement : « méfiez-vous donc du levain des pharisiens et des sadducéens. » (Mt 16,11)
demander comme un amoureux
Qui de nous n’a jamais demandé à Dieu quelque chose sans l’obtenir ? Parfois c’était pourtant des choses si importantes, si justes, si conformes au désir de vie et de bonheur que Dieu met lui-même en nous. Autour de nous des gens ont demandé de belles choses à Dieu et n’ont rien reçu, et en ont conçu au fond d’eux-mêmes une grande amertume envers Dieu et envers la vie. Il est arrivé que nous ayons demandé à Dieu d’intervenir pour changer le cours naturel des choses, en matière de maladies ou de catastrophes par exemple. Et nous comptions sur le fait que, {joomplu:158}puisque Dieu est tout puissant, il est sûrement une sorte de super-magicien qui peut changer le cours des choses à sa guise. Et pourtant, les réponses à notre prière, dans ce domaine, sont rares, bien trop rare à notre goût, comme si Dieu ne voulait pas que nous ayons ce genre de rapport avec lui, comme si ce n’était qu’exceptionnellement qu’il intervenait dans le cours naturel des choses, de la vie et de la mort, de la physique et de la chimie. Des théologiens et des philosophes en ont même tiré la conclusion que les miracles sont des vues de l’esprit, que Dieu n’agit pas dans le monde, que c’est bon pour les charismatiques “borderline” de demander à Dieu d’intervenir dans nos vies.
Le réalisme chrétien, pour un bonheur divin
homélie du 5 septembre 2010, 23°dimanche de l’année C
{joomplu:150}Aujourd’hui le Seigneur nous propose deux thèmes particulièrement alléchants : la souffrance et le renoncement ! « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14,27) « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » (v.33)
On se demandera : faut-il souffrir pour être chrétien ? Sûrement pas, et depuis toujours les chrétiens ont excellé à soulager la souffrance. L’histoire de l’Église est riche de leur investissement en faveur de ceux qui souffrent. Depuis 2000 ans nous avons soigné les malades, fondé des hôpitaux, accueilli les orphelins, lutté avec les pauvres ; et l’Église catholique est la plus grande organisation d’aide dans le monde.
Assomption 2010 – le vrai combat avec Marie
{joomplu:102}L’assomption de Marie nous aide à saisir la place qu’elle peut prendre dans nos vies. C’est une place souvent discutée : ne lui donne-t-on pas trop de place par rapport à Dieu, par rapport à son Fils ? N’est-ce pas déplacé de prier Marie ? Je n’ai pas l’impression qu’on puisse réfléchir à la question sans considérer le temps où nous vivons. Et ce temps est difficile, il rend nécessaire de prier Marie. Certains penseront que je suis un prêtre marial, parce que je vais à Lourdes tous les ans, ou parce que je vous en parle maintenant. Et pourtant je n’ai pas de goût particulier pour la prière mariale, et je l’ai trouvée longtemps superflue. Mais je suis un physicien, un homme pour qui l’expérience compte. Et je dois me rendre à l’évidence : bien prier Marie est une source de consolation et de paix ; bien prier Marie garde le cœur plus ferme dans les tentations ; bien prier Marie est une vraie arme de combat dans les difficultés spéciales de notre époque.
Marthe et Marie: pourquoi je sers?
16ème dimanche, le 18 juillet 2010
{joomplu:100}Si Marthe avait fait comme Marie, Jésus aurait dû manger des tartines, et encore, dans le meilleur des cas, s’il y avait de quoi au frigo... C’est sans doute parce que tout le monde ne pourrait pas faire comme Marie si on veut quelque chose à manger que les chrétiens ont pris l’habitude de se ranger en deux groupes : les Marthes et les Maries. Pourtant, Jésus ne dit pas que l’attitude de Marthe et celle de Marie sont équivalentes, qu’on peut choisir celle qu’on veut. Il dit bien que Marie a choisi une meilleure part que Marthe, et qu’il ne donnera pas raison à Marthe qui veut houspiller sa sœur.
Le Christ se donne à aimer
homélie de la fête du Saint-Sacrement
En multipliant les pains, Jésus nourrit toute une foule, il répond au besoin de tous ces gens. Assez vite par la suite il va essayer de leur faire comprendre que la nourriture c’est lui-même ; on le voit clairement dans l’évangile selon saint Jean, où Jésus dira : « je suis le pain de la vie » (Jn 6,35). Oui, ce qui répond à notre besoin profond, c’est que Jésus lui-même se donne à manger.
Jésus se donne à manger, mais plus encore il se donne à aimer. C’est bien de le manger avec la bouche, mais il faut surtout le manger avec le cœur. Car l’eucharistie, c’est le mémorial de la passion, et à nouveau aujourd’hui Jésus s’offre au Père par amour et se donne à nous par amour.
la miséricorde, pour un avenir
homélie du dimanche de la miséricorde
Après sa résurrection, Jésus donne mission à ses apôtres de continuer son œuvre de libération : remettre les péchés, ouvrir un avenir à ceux qui sont condamnés par la société, par leurs proches, par eux-mêmes. La société doit faire régner l’ordre public en punissant les coupables. Cela permet aussi d’objectiver la faute, de faire sentir à la victime que ce qu’elle a subi est injuste. Mais chez les victimes un désir de vengeance peut s’infiltrer, comme on le voit à son sommet lorsque des personnes veulent assister à la mise à mort de leur agresseur dans les pays où la peine de mort est encore d’application. Lorsque la victime cherche à se venger, elle barre l’avenir de celui qui est coupable. Tandis que le Christ nous invitait à faire des reproches à celui qui a des torts envers nous (Lc 17,3), il nous conviait aussi au pardon, à imiter sa miséricorde. Tout au long de sa vie terrestre il a pardonné aux pécheurs, jusqu’à la croix où il fit retentir sa dernière parole : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font... (Lc 23,34) Maintenant Jésus s’assure que son œuvre continuera. Il donne donc pouvoir à ses apôtres de remettre les dettes, de pardonner les péchés. Ils peuvent le faire en ayant reçu l’Esprit Saint (Jn 20,23). {joomplu:9}C’est dans l’Esprit Saint qu’ils plongent ceux qui viennent à eux pour être libérés de leurs péchés. C’est l’Esprit Saint que doivent rechercher ceux qui viennent à eux, afin de vivre, d’adhérer plus pleinement au Royaume, de repartir avec la force du Christ ; en effet, ce n’est pas tant en faveur d’un passé que d’un avenir que nous venons recevoir la libération par le pardon de nos péchés.
Comment s’est transmise la foi?
homélie du jour de Pâques
{joomplu:93}En écoutant ces lectures je suis surpris par cette affirmation de saint Pierre : « Dieu a donné à Jésus de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins qu’il avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. » (Ac 10,41) Pourquoi ne pas se montrer à tout le peuple ? Cela nous ferait tellement de bien, une manifestation publique de Dieu en notre faveur : une preuve de la résurrection du Christ, de la véracité de Dieu sur tous les médias... Ça nous changerait de ce que nous vivons maintenant ! Mais non, l’info croustillante ou écrasante dans les médias ce n’est pas la manière de Dieu. Il préfère les méthodes discrètes... Il y a alors des catholiques qui ne supportent pas ces méthodes discrètes de Dieu et qui cèdent à la tentation de manifestations violentes ; c’est désastreux de s’engager dans cette voie.
solidaires jusqu'à l'audace
homélie du Vendredi saint
{joomplu:92}Les enfants demandent souvent : pourquoi Jésus a-t-il été mis à mort ? Cette question vient tous nous réveiller.
C’est une injustice, une injustice éclatante. Alors nous nous demandons : qui sont ceux qui ont commis cette injustice ? Et là nous découvrons qu’il y en a beaucoup. Dimanche je vous parlais des chefs des prêtres, d’Hérode et de Pilate. Ce sont des décideurs, pour qui Jésus est subversif ou insignifiant. Mais aujourd’hui nous pourrions nous arrêter sur l’attitude des disciples et de la foule. Jésus a été mis à mort parce que dans ce monde très dur et violent il n’y a eu personne pour le défendre. Il y a les amis qui se sont cachés, et la masse des gens qui a suivi les interprétation des médias — pour faire une transposition moderne.
Plus tard, après la résurrection, les apôtres oseront défendre Jésus, témoigner de lui, annoncer l’évangile. Si cela s’était passé dans un monde purement humain on aurait pu dire : c’est bien malin de se réveiller maintenant ! Le mal est fait, Jésus est mort, il est trop tard... Mais nous sommes dans un monde habité par Dieu, et sa puissance de vie a englouti la mort. Il n’est pas trop tard pour se réveiller, pour accueillir l’Esprit Saint, pour laisser notre cœur vibrer à la Bonne Nouvelle.
le mal et Jésus
homélie du dimanche des Rameaux, 28 mars 2010
La messe d’aujourd’hui nous plonge dans le mystère du mal, de cette autonomie bien mal inspirée que l’homme revendique par rapport à Dieu pour n’en faire qu’à sa tête, et commettre ainsi toutes sortes d’injustices, sociales ou inter-personnelles.
{joomplu:91}Quand Dieu lui-même vient dans le monde, il est refusé, d’une part par ceux qui se réclament de lui et se sont confortablement installés dans le monde grâce à lui — les chefs des prêtres, les pharisiens — et d’autre part par ceux qui ne sont pas intéressés par lui, qui font leurs petites affaires sans aucune référence à Dieu — Hérode, Pilate et compagnie.
Demain nous découvrirons quelques aspects de la vie de Monseigneur Proaño à Riobamba en Équateur. Il a beaucoup lutté avec ceux qui s’opposent à Dieu en se réclamant de lui, promoteurs d’une Église issue des grands propriétaires terriens et soucieuse de les préserver. Il a aussi beaucoup lutté avec ceux qui promouvaient un monde sans Dieu et voulaient détourner la contestation indienne.