La foi est le chemin de la lumière
homélie du 4e dimanche de carême, 30 mars 2014
D’où vient le mal ? Nous cherchons l’explication lorsque nous souffrons ou que nous sommes avec celui qui souffre. Il y a plusieurs explications assez faciles et légères qui ont été avancées. On en trouve une dans la bouche des apôtres : sûrement c’est à cause de son péché, ou de celui de ses parents, s’il est aveugle (Jn 9,2). D’autres diront plutôt : puisqu’il y a du mal, c’est bien la preuve qu’il n’existe pas de Dieu bon comme le disent les chrétiens ; le mal est là parce que nous sommes issus du hasard…
À la question « d’où vient ce mal ? », Jésus répond : « voici où nous allons… » C’est, me semble-t-il le contenu de cette répartie : « ni lui ni ses parents n’ont péché, mais c’est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu. » Le mal est là mais nous pouvons ne pas être désorientés car Dieu se révèle, se montre proche, agit.
Dieu a soif de nous
homélie du 3e dimanche de carême, 23 mars 2014
{joomplu:16} Voilà la réalité que nous montre aujourd’hui l’évangile : Jésus vient s’asseoir à côté de vous et vous dit : j’ai soif ! Vous êtes tout étonné, étonnée, car vous vous demandez ce que le Fils de Dieu peut bien attendre de vous. Et pourtant, il faut que nous le sachions tous, le Christ a besoin de nous, il a besoin de notre amour. Sa soif, c’est que nous l’aimions en retour de ce qu’il nous aime. Et même, pour découvrir combien il nous aime il nous faut entrer dans ce choix de l’amour envers lui. Le Christ nous dit : donne-moi ton cœur car j’ai tant à te donner. J’ai à te donner l’eau vive, qui jaillira en toi comme une source de joie et de paix, pour la vie éternelle.
Un amour pour toujours
homélie de mariage, mars 2014
{joomplu:175} Chacun de nous est habité par la question : est-ce que je compte pour quelqu’un? Cette brebis égarée ne devait pas imaginer à quel point elle comptait pour son berger. Elle a dû faire une fameuse découverte en se rendant compte de l’amour du berger pour elle. Quand nous nous découvrons aimés par quelqu’un au point qu’il veut nous épouser, c’est une fameuse bonne nouvelle aussi. Quelqu’un nous choisit, quelqu’un court pour nous. Cette nouvelle de l’amour humain a besoin d’un prolongement, où l’on découvre que l’on compte aussi pour quelqu’un d’autre que notre conjoint : nous comptons pour Dieu, et lorsque cette assurance grandit par la foi nous devenons capable d’aimer aussi celui qui nous a blessé ou dont l’amour n’est pas satisfaisant. Compter pour Dieu et en faire grand cas permet d’entrer dans le genre d’amour que saint Paul décrivait dans sa lettre : revêtir son cœur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur et de patience; et pardonner sans chipoter.
Le deuxième étage de la fusée
homélie de mariage, septembre 2013
{joomplu:23}Valérie et Joachim, vous avez choisi des textes où l’on parle d’amour, et cela nous fait du bien à tous. L’amour est central dans la vie de toute personne, bien qu’il ne prenne pas toujours la même forme. C’est le pape Jean-Paul II qui disait « L’amour est l’un des processus de l’univers qui (…) élargissent et enrichissent ce qui est étroit et limité. (...) Les hommes ont besoin de tendresse ! Ils ont besoin d’intimité ! » Pourtant il ne vivait pas en couple, mais il savait ce qu’est l’amour, parce qu’il aimait profondément Dieu, et des amis proches. Vous, Valérie et Joachim, vous prenez le chemin du mariage, vous allez explorer le bonheur d’être choisi par quelqu’un pour la vie, et de devoir le choisir pour la vie. Moi qui vous parle, j’ai choisi un autre chemin, celui de l’amour préférentiel pour Dieu, et il n’est pas sans bonheur non plus.
Ce n’est pas évident qu’il soit raisonnable de fonder sa vie sur l’amour, quand on voit toutes les trahisons qui peuvent arriver à l’amour. Mais vous choisissez de le faire et les Églises réformée et catholique ne vous abandonnent pas comme de doux rêveurs ou des entêtés, elles vous disent : oui, on peut aimer jusqu’au bout, on peut aimer comme le Christ nous a aimé.
Menace sur la liberté
homélie du 1er dimanche de carême, 9 mars 2014
{joomplu:14}Pour que l’homme puisse vivre le bonheur immense d’aimer — aimer Dieu, aimer son prochain, aimer une épouse, un époux, un ami — Dieu a créé l’homme libre. Car pour aimer il faut être libre, ce n’est pas déjà de l’amour que d’être conduit par ses pulsions ou ses affinités. Aimer c’est se décider soi-même pour quelqu’un, s’attacher librement à quelqu’un, pour lui faire du bien par le don de notre personne — et en retour en recevoir un grand bien, mais dans l’amour véritable ce bienfait pour soi n’est qu’un effet, non le but.
Vivre de la Providence
homélie du 8e dimanche A, 2 mars 2014
« Le Seigneur m’a abandonnée, le Seigneur m’a oubliée ». Ce cri du peuple de Dieu devient un jour ou l’autre le nôtre, jaillissant du plus profond de notre détresse. Alors les paroles de Jésus nous arrivent comme une provocation : ne vous faites pas tant de souci pour votre vie ! Dieu ne fera-t-il pas bien davantage pour vous que pour les oiseaux du ciel qu’il nourrit ou l’herbe des champs qu’il habille ? Dans toutes nos détresses et devant tout ce qui nous menace il nous est donné une présence, celle de Dieu, qui veille.
Cette présence n’est pas très facile à percevoir, et l’être humain voudrait une assurance plus concrète devant tout ce qui le menace — par exemple la possibilité de ne plus compter aux yeux des autres, ou une maladie grave ; toutes ces situations où nous rejoignons la condition humaine dans sa fragilité, dans le fait d’être « chair » comme dit la Bible. Où trouver une sorte d’assurance vie contre tout ce qui est inquiétant ? Lorsqu’on cherche une assurance plus concrète que l’amour de Dieu et de nos proches, inévitablement on tombe sur l’argent. L’argent comme source de paix et de confort, est-ce plausible ?
Le chemin de l’amour est un chemin qui monte
homélie du 6e dimanche, 16 février 2014
Jésus nous décrit aujourd’hui l’itinéraire du chemin de l’amour, et nous découvrons que c’est un chemin qui monte, un chemin resserré, comme ces difficiles chemins de montagne, qui ne peut que nous impressionner.
La première chose qui me vient à l’esprit est que si nous voulions paraître irréprochables devant le Christ, c’est vraiment raté. Tant qu’on pouvait simplement chercher à éviter le meurtre ou l’adultère ou le faux serment, ça pouvait encore aller. Mais si une colère a rang de meurtre, si un regard vaut un adultère, qui peut être sauvé ? L’homme est incapable de paraître juste aux yeux de ses semblables, et moins encore aux yeux de Dieu. Il ne peut sauver lui-même ; sans la miséricorde du Christ, qui est sa véritable justice, il n’est rien. Le juste pêche 7 fois par jours, dit le psaume. Et finalement la vie du croyant, c’est de revenir : revenir à Dieu, revenir à ses frères, en demandant pardon, en accueillant le pardon.
Le début de l’Évangile
homélie du 3e dimanche A, 26 janvier 2013
{joomplu:38} Quand on me parle d’une nouvelle idée, j’aime bien savoir comment elle a germé dans l’esprit de celui qui la porte. Pour connaître un nouveau mouvement, c’est utile de savoir dans quelles conditions il a commencé. Pour l’annonce de l’Évangile, nous avons la chance de savoir un petit peu cela : elle a commencé quand Jésus apprit l’arrestation de Jean Baptiste, arrêté par Hérode parce que celui-ci n’appréciait pas les reproches qu’il lui faisait sur son inconduite conjugale. C’est le drame d’une injustice, de la domination despotique des puissants, qui est le point de départ de l’évangélisation. L’Évangile n’est donc pas un message irréaliste, qui ne tient pas compte des limites humaines, des contraintes du monde : il est né dans un contexte violent, dans un contexte pourri, si j’ose dire.
La preuve que Dieu nous aime
homélie du baptême du Seigneur
Tous les hommes ont besoin d’amour. Lorsqu’on se sent aimé, on est content, on devient généreux et capable d’aimer à notre tour. La vie est belle, et même s’il pleut il y a du soleil à l’intérieur. Tous les hommes ont besoin d’amour et ceux qui ne semblent pas en avoir besoin, ils sont ainsi parce qu’ils se sont blindés en eux-mêmes, parce qu’ils ont tant souffert de manquer d’amour qu’ils ont essayé de se construire à côté de leur besoin d’amour. Mais ce besoin est là quand-même, et il crie. Et il cherche sans le dire à rencontrer un vrai amour.
C’est ainsi parce que nous sommes à l’image de Dieu. C’est beau, mais dans ce monde notre besoin d’amour est si rarement comblé. Qu’allons-nous faire ? Gémir ? Essayer de nous distraire comme nous pouvons ? Ou de devenir puissant ou riche pour compenser ? Ou bien nous pouvons accepter un amour qui se propose à la porte de notre cœur, un vrai amour puissant et efficace, un amour qui se trouve quand on le cherche : l’amour de Dieu !
La famille, cellule de base de la société
homélie de la fête de la Sainte Famille 2013
{joomplu:153}Dans l’exhortation apostolique du pape François, Evangelium gaudium, on lit que la famille est importante pour l’Église car « il s’agit de la cellule fondamentale de la société, du lieu où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir aux autres et où les parents transmettent la foi aux enfants ».
En cette fête de la Sainte Famille nous voulons fêter toutes les familles, avec une tendresse particulière pour celles qui vivent des épreuves, en les regardant comme les cellules fondamentales nécessaires à la société. Il y a une forme de famille qui a été avalisée par le parlement mais à laquelle les Églises s’opposent, c’est la famille fondée sur le mariage homosexuel. Cette opposition ne vient pas d’une attitude rigide tournée vers le passé, mais de cette constatation toute simple : pour donner la vie à un enfant il faut d’une façon ou d’une autre toujours un homme et une femme. La stérilité de la relation homosexuelle n’est pas une maladie, elle est dans l’ordre des choses, elle est normale, et il ne faut pas nier la réalité en imaginant des stratagèmes pour imiter la famille fondée sur l’union de l’homme et de la femme. Ce qui ne veut pas dire que nous les chrétiens devons approuver le fait qu’une société rendrait difficile la vie des personnes homosexuelles. Au contraire, c’est aussi avec amitié que nous devons entourer les familles qui existent déjà, quelles que soient leurs blessures.
Veiller sur le Fils de Dieu
Homélie du jour de Noël 2013
Je voudrais ce matin nous encourager dans cette conviction : Dieu est présent et il agit. C’est ce que veut nous dire Isaïe quand il nous fait voir un messager qui proclame : « il est roi, ton Dieu ! » Il est roi, il règne, il est présent à nos vies, au monde, et il les conduit.
En écho à cette affirmation peut monter une protestation, qui dirait : on ne le voit pas beaucoup agir, ton Dieu ! La tentation du doute est présente, car une action de Dieu échappe à nos mesures humaines. Pour la voir, il faut déjà se mettre du point de vue de Dieu, se poster devant les doutes comme son allier, son partisan. Il faut franchir le mur de la foi. Alors nos yeux peuvent se réjouir de la présence et de l’action de Dieu notre roi.